Sanctuaire des Grottes de Saint Antoine

Homélies des dimanches

Homélie du 17 mars 2024 – 5e dimanche carême B – Fr Henri

«  Revenez à Dieu de tout notre cœur »… Il faut bien avouer que c’est tout de même un peu fort que dans l’Alliance que Dieu fait avec son peuple, seul Dieu respecte le contrat ! Le peuple auquel Jérémie s’adresse a choisi de faire confiance à d’autres divinités ou à ses propres forces. Ce type de comportement est, ô combien, toujours d’actualité. Combien sont tentés aujourd’hui de se tourner vers d’autres dieux qui ont pour nom argent et recherche du pouvoir… ? Heureusement, le prophète Jérémie nous recentre sur l’essentiel, à savoir que le Seigneur mettra sa loi au fond de nous-mêmes, qu’il l’inscrira dans notre cœur et que c’est en nous tournant vers lui que nous trouverons le vrai bonheur. Cette initiative de Dieu envers nous qui sommes pécheurs est la source de notre espérance et de notre salut… !

Cette initiative de Dieu trouve son plein accomplissement en Jésus.  Dans l’Évangile de St Jean nous voyons quelques Grecs qui arrivent à Jérusalem. Ils font savoir à Philippe qu’ils veulent « voir Jésus ».  Philippee n fait part à André et tous les deux vont le dire à Jésus. Finalement, le bouche à oreille marche bien… ! Ces étrangers qui veulent « voir Jésus » nous font comprendre que la Bonne Nouvelle n’est pas réservée aux seuls membres du peuple de Dieu mais qu’elle est pour tous. Après tout, nous qui sommes présents dans cette église, ne sommes-nous pas venus, nous aussi, pour « voir Jésus » et ne sommes-nous pas, comme Philippe et André, chargés de présenter au Seigneur tous ces hommes et femmes de notre temps en quête de vérité qui viennent frapper à la porte de l’Église?

Nous voudrions voir Jésus…En réponse à cette demande Jésus réagit d’une façon qui nous laisse quelque peu déconcertés… Il leur dit qu’ils le verront dans sa gloire. Pour ne pas être déroutés, nous aussi, il est bon de nous souvenir que la gloire dont il s’agit, c’est-à-dire « ce qui a du poids » en Jésus, c’est son amour mené jusqu’au bout de sa croix. Voir Jésus dans sa gloire c’est donc le voir sur la croix. C’est voir un homme comme les autres hommes, un homme bouleversé de perdre sa vie. Voir Jésus dans sa gloire,  c’est voir la mort de Celui qui est l’auteur de la vie, le grain de blé tombé en terre et qui meurt, portant ainsi beaucoup de fruit. Voir Jésus dans sa gloire, c’est voir Celui qui est élevé au-dessus de tous et qui attire tous les hommes à lui. Chez St Jean, « être élevé » est le mot qui non seulement indique Jésus est élevé de terre sur sa croix mais aussi Jésus élevé au sens de ressuscité…

Quelle belle demande que celle de « vouloir voir Jésus », une demande à garder précieusement dans notre cœur et à répéter tout au long de nos jours et de nos nuits…  Mais, à bien y réfléchir, n’est-ce pas lui, Jésus, qui voudrait nous voir… ? N’est-ce pas lui, Jésus, qui voudrait nous voir venir à lui afin de nous conduire à son Père ? Il faut bien reconnaître que nous sommes souvent loin de lui ; il faut bien constater que nous avons trop souvent l’art d’organiser notre vie en dehors de lui.

Or, ce Jésus que nous voulons voir, c’est dans les tout-petits qu’il est présent. En prenant soin de ces petits, c’est de Jésus que nous prenons soin.

Ce Jésus que nous voudrions voir c’est dans notre Église qu’il est présent dès lors qu’elle se fait pauvre, servante, proche et fraternelle aux couleurs du petit pauvre d’Assise…

Dans la célébration de cette Eucharistie, prions pour apprendre à connaître le Seigneur et à devenir des disciples selon son cœur. Comme nous le rappelle l’auteur de l’épître aux Hébreux : « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection,
il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel ». Mourons donc à nous-mêmes comme le grain de blé tombé en terre; mourons à la « tyrannie de notre cher moi », comme dit St François afin de porter un fruit qui soit celui de notre obéissance filiale au Seigneur. Laissons-nous attirer par Celui qui, du haut de sa croix, nous a tout donné et, pour le dire avec les mots de St François «Contemplons l’humilité de Dieu, faisons-lui l’hommage de notre cœur. Ne gardons pour nous rien de nous, afin que nous reçoive tout entiers, Celui qui se donne à nous tout entier. » Amen

Saint-Antoine, Brive

17 mars 2024                                                    fr Henri Namur, ofm

Homélie du 10 mars 2024 – 4e dimanche carême B – Fr Jean Damascène

Homélie du 3 mars 2024 – 3e dimanche carême B – Fr David

Homélie du 25 février 2024 – 2e dimanche carême B – Fr Henri

Les trois lectures de ce dimanche ont un point commun : elles nous parlent toutes d’un fils. Dans la première lecture ce fils a pour nom Isaac. C’est le fils d’Abraham. Dans la seconde lecture, saint Paul nous parle du « Fils » que Dieu ne nous a pas refusé. Enfin, l’Évangile nous révèle le « Fils bien-aimé du Père ».

Dans le premier texte, Abraham se trouve devoir faire face à une épreuve terrible. Dieu lui demande de sacrifier son fils Isaac. Dans cette épreuve terrible, Abraham fait confiance à Dieu et c’est au dernier moment que l’Ange du Seigneur retient la main d’Abraham et lui dit « Je sais maintenant que tu crains Dieu, tu ne m’as pas refusé ton fils unique ».

La seconde lecture se présente comme une réponse à ce texte de la Genèse. Alors qu’Abraham a été empêché par Dieu de sacrifier son fils, saint Paul nous rappelle que Dieu, lui, au contraire, « n’a pas épargné son propre Fils mais il l’a livré pour nous. »

Dans l’Évangile, il est également question du « Fils » en la personne de Jésus qui emmène ses disciples sur une haute montagne. C’est le récit de la Transfiguration. La voix du Père s’y fait entende: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! « …C’est un peu comme le Père disait… aujourd’hui, vous voyez son visage transfiguré, dans quelques jours, vous le verrez défiguré. Écoutez-le. Faites-lui confiance quoi qu’il arrive…».

On comprend les disciples. Témoins d’une telle Transfiguration, ils vivent une anticipation de la gloire qui attend Jésus après sa mort et sa résurrection. Pris dans cette lumière, ils auraient aimé s’installer dans ce bonheur en plantant trois tentes… Quand on est bien on aimerait que ça dure… ! Mais, voilà, ils ont beau regarder tout autour d’eux, il n’y a plus que Jésus seul avec eux.

En quoi cet Évangile vient-il illuminer et orienter notre Carême ? D’abord en nous rappelant que vivre le Carême c’est avant tout « écouter le Fils bien-aimé » ainsi que le Père nous le demande. Cette parole qu’il faut écouter, et qui est la même que celle que le Père a prononcée au baptême de Jésus, nous la trouvons chaque jour dans les Évangiles. C’est une parole qui nous apprend à voir les choses différemment…

Et puis, comme pour les trois disciples, Jésus nous invite à le suivre sur la « montagne » afin que nous prenions un peu de hauteur par rapport à nos soucis de tous les jours. C’est la raison pour laquelle nous sommes rassemblés dans cette église.

Enfin, les trois tentes dont nous parle le récit de la Transfiguration, c’est dans notre monde qu’il faut les planter car c’est là, au cœur de ce monde, que Dieu veut faire sa demeure. Quand St François d’Assise, au début de sa vocation, prend conseil auprès de Ste Claire pour savoir s’il doit se retirer dans la vie contemplative ou rester dans le monde, alors Ste Claire l’invitera à rester parmi les hommes. Ce que François traduira ainsi en s’adressant à ses frères : « notre cloître, c’est le monde ! » Vivre la vie contemplative dans le monde, voilà une belle façon d’y planter la tente de Dieu…

Ceci étant, force est de constater que ce monde que Dieu veut habiter, ce monde où nous vivons, se trouve défiguré par les guerres, les violences et l’intolérance. Nous sommes dans un monde où les pauvres et les exclus sont de plus en plus nombreux. Eh bien, c’est précisément au cœur de cette dure réalité que Dieu compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. Une telle entreprise suppose que nous commencions par lui faire une place privilégiée dans notre cœur en nous mettant à l’écoute de sa Parole et en convertissant nos manières d’être et d’agir pour qu’elles soient conformes à sa sainteté et bonté.

Cette Parole de Dieu, elle doit être le GPS, non seulement de notre Carême mais de toute notre vie.  C’est sur nos visages que la blancheur et la beauté du Fils bien-aimé transfiguré doit pouvoir se lire car nous sommes appelés à devenir radieux comme le Christ. Là est le témoignage de notre Espérance.

Le seul chemin, donc, pour ressembler de plus en plus à Jésus, c’est de le suivre, d’écouter sa Parole et de la mettre en pratique. Ce chemin passe nécessairement par la croix qui convertit en nous tout ce qui a besoin de l’être mais, au bout du chemin, comme au bout de notre Carême, c’est la joie de Pâques qui nous attend, Amen.

Saint-Antoine, Brive

Dimanche 25 février 2024,

Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 18 février 2024 – 1er dimanche carême B – Fr David

Homélie du 11 février 2024 – 6e dimanche B – Fr Michel Laloux

Homélie du 4 février 2024 – 5e dimanche B – Fr Jean Damascène

Homélie du 28 janvier 2024 – 4e dimanche B – Fr Henri

C’est une immense espérance qui jaillit des lectures de ce dimanche. Une espérance qui naît de ce constat que Dieu est présent à nos vies en tant que libérateur. Dire de Dieu qu’il nous libère c’est reconnaître que nous sommes retenus en esclavage ou, pour parler le langage de l’actualité, « pris en otage » par un autre qui aliène nos libertés… C’est par sa parole puissante qui fait autorité que Dieu nous libère.

La première lecture nous rappelle le rôle du prophète. Un prophète, c’est celui qui écoute Dieu et qui explique ce qu’il a reçu de Lui ; Le rôle d’un prophète, c’est de faire comprendre que, malgré les apparences, Dieu est toujours là pour guider son peuple et l’enseigner. Le rôle d’un prophète, c’est surtout d’exhorter le peuple à écouter la Parole de Dieu.  Écouter la Parole de Dieu, c’est bien ce à quoi nous appelle le Psaume 94 : « Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?« Ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi. »

Il est aisé de constater que, lorsqu’on se coupe de l’écoute de la Parole de Dieu, ce sont souvent les superstitions qui se mettent à proliférer. Combien, parmi ceux qui rejettent la foi sous prétexte d’une liberté mal comprise, se mettent à courir derrière des voyants et des gourous en tous genres ? Or, c’est précisément de ce danger que le Seigneur veut nous prévenir. Il nous met en garde contre ces faux prophètes qui sont porteurs d’une parole qu’il ne leur a pas confiée … En Jésus, Verbe de Dieu, Parole faite chair, c’est une Parole d’autorité, bonne nouvelle pour nos vies, qui nous est donnée.

C’est cette Parole d’autorité que nous voyons à l’œuvre dans l’Évangile. C’est le jour du Sabbat, Jésus entre dans la synagogue et se met à enseigner. Les gens sont frappés par son enseignement car constatent-ils « il enseigne avec autorité et non pas comme les pharisiens ». Ce qui veut dire que dans les paroles humaines de Jésus les gens ressentent l’autorité même de Dieu. Quand Jésus parle, sa parole est comme celle de son Père. 

À peine Jésus a-t-il fini d’enseigner qu’il se voit interpellé vivement par un homme possédé par un esprit mauvais. Ce qui est étonnant, c’est que cet esprit mauvais, en présence de l’autorité de Jésus, sait qu’il a déjà perdu la partie puis qu’il se met à crier en disant « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus, aussitôt interpelle cet esprit mauvais en lui disant avec autorité : « Silence, sors de cet homme ! »

Trois points importants à retenir pour notre vie spirituelle :

  1. Le premier, c’est qu’on ne discute pas avec le démon sinon, c’est lui qui a déjà gagné ;
  • Le second, c’est qu’on ne peut pas lutter seul contre le Malin, nous ne pouvons le faire qu’avec Jésus, lui seul a autorité pour l’expulser ;

3) Le troisième, c’est que notre cœur est fait pour devenir l’habitation du Seigneur. C’est la raison pour laquelle St Paul, nous exhorte « à rester attachés à Dieu sans partage ». Ce qui suppose de notre part de tout faire pour être fortement lié à Jésus afin d’être « délié », « délivré » du Malin …

Frères et sœurs, nous reconnaître en cet homme possédé, aliéné dans sa liberté d’enfant de Dieu, c’est le premier pas de notre conversion ! Oui, notre liberté et notre amour sont blessés et aliénés quand notre désir nous pousse à faire nôtre l’esprit du monde, l’esprit de vanité, l’attachement à l’argent, l’orgueil, et tout ce que nous connaissons fort bien dans l’expérience amère que nous faisons de de notre péché.

Être sauvé, c’est croire que nous sommes créés pour laisser la bonté de Dieu et sa sainteté habiter nos cœurs …

Dans notre participation à l’Eucharistie du Seigneur, demandons de tout cœur à Jésus de nous libérer de nos aliénations qui, si elles ne sont pas spectaculaires, n’en sont pas moins bien réelles. Redisons-lui notre foi en sa Parole d’autorité qui est bien plus forte que tous nos démons et qui nous rétablit dans notre belle dignité d’enfant de Dieu. Et puis, surtout, contemplons la croix de notre Seigneur : c’est sur elle que l’amour miséricordieux a triomphé du mal et que la vie a jailli en plénitude pour chacun d’entre nous…  Amen.

Brive, le 28 janvier 2024 Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 21 janvier 2024 – 3e dimanche B – Fr David

Homélie du 14 janvier 2024 – 2e dimanche B – Fr Jean Damascène

Homélie du 7 janvier 2024 – Epiphanie B – Fr Henri

Frères et Sœurs, fêter l’Épiphanie, c’est, comme ce mot d’origine grecque l’indique, fêter un dévoilement.  Ce qui nous est dévoilé aujourd’hui, c’est la gloire de Dieu. Une lumière, sous la forme d’une étoile, vient nous visiter. Cette étoile, qui guide les Mages, est pour tous. La présence des mages est le signe de cette universalité.

Cette lumière, Isaïe la contemplait déjà : « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » (Is 60,1) Alors que dans la nuit de Noël, c’était la voix de l’Ange qui conduisait les bergers vers le nouveau-né, dans l’évangile d’aujourd’hui c’est une étoile qui conduit les Mages : dans un cas comme dans l’autre c’est toujours Dieu qui nous guide, soit par son ange, soit par sa lumière…

Ces trois Mages représentent tout homme en recherche de Dieu.  Toute personne qui désire progresser dans la connaissance de la vérité, accomplit un chemin identique à celui des Mages. En effet les Mages ne connaissaient pas la Révélation biblique et pourtant ils finissent par trouver l’enfant. Ainsi en est-il pour ceux qui ne connaissent pas Dieu mais qui cherchent honnêtement. Si une telle aventure est possible pour les nombreuses personnes qui, aujourd’hui ne connaissent pas Dieu, c’est bien parce que Dieu a créé l’homme à son image, et que cette image de Dieu qui repose au plus profond de l’homme vient éveiller en lui un fort désir de le rencontrer. Ces mages représentent donc toutes les nations païennes qui viennent se prosterner devant leur Sauveur.

Sortons, nous aussi à la rencontre de ces personnes pour cheminer avec elles dans la connaissance du Christ qui est Vie et Vérité. Ne cédons pas à l’habitude, secouons notre foi pour la réveiller et chercher cette étoile qui nous indique le lieu de la manifestation plénière de la Révélation de l’Amour de Dieu, le lieu de l’Incarnation du Fils.

C’est bien connu, la lune influence les marées, et pas qu’elles ! Combien plus l’étoile de l’Épiphanie a-t-elle la puissance de nous mettre en mouvement pour adorer en tout temps et en tout lieu Celui qui est la lumière de nos vies.

Accrochons-nous à l’étoile des Mages comme à un GPS ! Ici, le GPS, c’est l’Esprit-Saint. C’est lui qui nous conduit vers Celui que l’étoile de Bethléem indique.

Agissons comme les Mages, déposons aux pieds de l’enfant de Noël la myrrhe de nos vies, c’est-à-dire notre espérance dans les épreuves ; déposons aux pieds de l’enfant l’encens de nos vies, c’est-à-dire notre foi par laquelle nous vivons sous le regard de Dieu ; déposons aux pieds de l’enfant l’or de nos vies, c’est-à-dire notre charité qui est une voie supérieure à toutes les autres et donc de grande valeur.  

Voilà ce que Dieu attend de nous. Amour, compassion et pardon ont plus de prix à ses yeux que les plus riches trésors… Là se trouve la vraie joie.

Enfin, de même que les Mages ont été avertis en songe de prendre un autre chemin que celui qu’ils avaient prévu, osons quitter nous aussi nos propres chemins pour prendre le chemin que le Seigneur ouvre devant nos pas… Soyons des hommes et des femmes qui osent se laisser dérouter, guider et transformer par Celui qui est la lumière…Une lumière qui éclaire et suscite nos choix, nos prises de parole, le don de nos vies : c’est seulement ainsi que nous serons des témoins crédibles pour ceux qui ne connaissent pas Dieu mais qui le cherchent…

Grâces soient donc rendues à Dieu en ce dimanche de l’Épiphanie. Désormais, en Jésus, lumière née de la lumière, tous les trésors qui sont dans le cœur de Dieu affluent désormais vers nous sans distinction de race ou de condition sociale. C’est bien ce que nous dit avec force et conviction St Paul dans l’Épitre aux Éphésiens : « Désormais, par l’annonce de l’Évangile, toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus ».

Soyons bien persuadés qu’annoncer l’évangile, c’est consentir à se laisser illuminer par Dieu et réfléchir sa lumière par notre témoignage de vie et nos choix. C’est cela être disciple-missionnaire.

Soyons donc des assoiffés de Dieu ; Comme l’étoile de l’épiphanie donnons à ceux qui nous entourent, à ceux vers qui nous allons, l’envie de se mettre en route eux aussi vers le Maître et Seigneur de nos vies couché dans la crèche, Amen.

Brive, le 7 janvier 2024

Fr Henri NAMUR

Homélie du 25 décembre 2023 – Noël B – Fr Jean Damascène

Homélie du 24 décembre 2023 – Nuit de Noël B – Fr David

Homélie du 24 décembre 2023 – 4e dimanche Avent B – Fr Henri

Homélie du 17 décembre 2023 – 3e dimanche Avent B – Fr Jean Damascène

Homélie du 10 décembre 2023 – 2e dimanche Avent B – Fr David

Homélie du 3 décembre 2023 – 1er dimanche Avent B – Fr Henri

S’il fallait choisir un seul mot pour qualifier ce premier dimanche de l’Avent je choisirais volontiers « Reviens ! » Cet impératif « reviens », dit à la fois notre péché et notre espérance. Notre péché, parce que c’est vrai que nous sommes prompts à partir ailleurs, loin de Dieu ; notre espérance, parce qu’il est toujours possible de revenir à notre Dieu ».

Mais il n’y a pas que nous qui pouvons revenir à Dieu, Dieu aussi vient à nous car il demeure fidèle à sa Parole de vie et d’amour pour nous. C’est pourquoi nous pouvons lui dire, en ce premier dimanche de l’Avent, Reviens Seigneur assouplir nos cœurs et les établir dans ta paix. Reviens ! Sors-nous de nos égarements afin que nous prenions appui sur toi et invoquions ton Nom. Reviens pour être notre force et notre espérance en ces temps de misère, de violence et de guerres ; Reviens parce que nous sommes l’argile et que c’est toi qui nous façonnes, nous sommes l’ouvrage de ta main, alors… Reviens !

Dieu ne cesse de venir à notre rencontre. C’est là qu’est la bonne nouvelle, une bonne nouvelle qui se trouve pleinement réalisée dans l’Incarnation de Jésus. Dans notre monde où sont à l’œuvre la misère sous toutes ses formes et le désespoir, nous sommes appelés à être le peuple de l’espérance à cause de Jésus qui est notre Espérance,

C’est pourquoi une des façons de vivre ce temps de l’Avent c’est de laisser l’esprit-Saint souffler sur les braises de notre foi afin que Jésus puisse naître chaque jour dans notre coeur.

Revenir à Dieu à l’occasion de ce temps de l’Avent, c’est se mettre dans les dispositions d’attendre le grand retour du Christ glorieux à la fin des temps. Dans cette attente, nous dit St Paul, il s’agit de tenir fermement jusqu’au bout en s’exerçant patiemment à l’accueil de la Parole Dieu avec au cœur le grand désir que la volonté du Père des Cieux s’accomplisse sur la terre comme au ciel, c’est-à-dire au cœur de toutes nos situations.

D’où l’insistance de l’Évangile de ce jour : « Veillez, prenez garde ». « Prendre garde » ne signifie pas « méfiez-vous ». Cela veut plutôt dire « prenez votre tour de garde », « veillez afin de voir venir », « exercez-vous pour le combat spirituel, le combat de la lumière » …

Elle est belle cette image qui nous invite à être comme le serviteur dévoué qui attend son maître en pleine nuit et qui est prêt à lui ouvrir la porte. C’est cela désirer Dieu de tout son cœur.  Impossible de donner corps à ce désir d’accueillir le Seigneur en nos vies si nous ne sommes pas des hommes et des femmes passionnés par le mystère de Dieu et tout donnés à la joie de donner Dieu aux autres. C’est bien parce que nous serons des êtres de désir, des êtres habités par la miséricorde de Dieu que nous pourrons donner le goût de Dieu à nos proches et à nos concitoyens.

C’est tout cela être un veilleur. D’ailleurs, dans la Bible, le mot hébreu qui désigne le veilleur désigne aussi l’amandier. A première vue on peut se demander ce qu’il y a de commun entre un « veilleur » et un « amandier ». Pour comprendre il faut savoir que l’amandier fleurit avant tous les autres arbres. Il annonce le printemps. Veiller c’est donc être comme l’amandier, c’est se tenir aux avant-postes pour annoncer le printemps de Dieu qui vient à nous aujourd’hui comme hier et demain.  

En ce temps de l’Avent, si nous ne faisons que changer de lunettes, nous aurons manqué le but.  Ce ne sont pas nos lunettes qu’il faut changer mais notre regard : il s’agit de regarder comme Dieu regarde. C’est lui, et non pas le monde, qui est notre référentiel pour tout ce qui concerne notre vie et notre action en ce monde. Là est la conversion…

Ne laissons donc pas le sommeil nous gagner. Réveillons-nous et, loin des tapages publicitaires et des fébrilités mercantiles, accueillons dans le silence le Seigneur qui vient…

Seigneur, garde-nous éveillés pour que nous puissions t’apercevoir de loin et prendre appui sur toi. Ouvre nos yeux pour que nous ne rations pas les moments où tu viens frapper à la porte de notre cœur. « Dieu de l’univers, reviens, Jamais plus nous n’irons loin de toi ; fais-nous vivre et invoquer ton nom ! » Amen.

Brive, Saint-Antoine, le 3 Décembre 2023

1er dimanche de l’Avent,

Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 26 novembre 2023 – Christ Roi A – Fr Jean Damascène

Homélie du 5 novembre 2023 – 31e dimanche A – Fr David

Homélie du 1er novembre 2023 – Toussaint A – Fr Frédéric-Marie

Homélie du 29 octobre 2023 – 30e dimanche A – Fr Jean Damascène

Homélie du 22 octobre 2023 – 29e dimanche A – Fr Henri

En ce dimanche, le livre du prophète Isaïe nous rappelle deux affirmations essentielles. La première, c’est que, dès l’instant de notre naissance, Dieu tisse avec chacun d’entre nous une relation personnelle : « je t’ai appelé par ton nom…alors que tu ne me connaissais pas ». 

La deuxième affirmation c’est qu’« il n’y a rien en dehors de Dieu, Il est le Seigneur, Il n’y en a pas d’autre ».

Ainsi, Dieu est pour nous tout-à-la fois le Tout-Autre et en même temps le Tout-Proche. Lui, le Tout-Autre se fait le Tout-Proche pour aimer l’être unique que chacun d’entre nous nous sommes. Cette proximité de Dieu à notre vie n’enlève rien à son altérité, il demeure le Tout Autre. Là est la vérité de Dieu pour nous. Il est vraiment le Très-Haut et le Très-Bas… !

Cette dialectique consistant à mettre en relation deux réalités qui, apparemment, sont à l’opposé l’une de l’autre, Jésus va l’utiliser pour répondre à ceux qui veulent le piéger par cette question « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »

Avec une liberté souveraine et un certain humour, Jésus déjoue le       piège ! Avec une seule pièce de monnaie comme support pédagogique il va retourner le piège contre ces flatteurs hypocrites qui n’ont qu’un seul but : trouver des motifs pour l’arrêter. En leur posant la question « de qui est cette effigie ? Jésus amène son auditoire à reconnaître que le monde de Dieu et le monde des hommes ne sont pas du même ordre et qu’en même temps ce serait une erreur mortelle d’opposer ces deux mondes, celui de Dieu et celui de César… ! En déclarant qu’il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César, Jésus remet les choses à l’endroit. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, “c’est reconnaître, face à n’importe quel type de pouvoir que Dieu est le Seigneur de l’homme et qu’il n’y en a pas d’autre” ; c’est s’ouvrir à sa volonté et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.”

Rendre à césar ce qui est à césar, c’est participer à l’organisation de la société dans laquelle nous vivons, c’est lutter pour que la dignité des plus pauvres soit reconnue et respectée ; c’est promouvoir des relations fraternelles.  

À l’occasion de cette semaine missionnaire, il est bon de nous rappeler que le Christ nous veut en état de mission et que c’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés comme messagers de l’Évangile.

Encore une fois, il est important de le répéter, le Royaume de Dieu et la société civile sont deux réalités distinctes mais qui ne doivent pas être étrangères l’une à l’autre. Bien-sûr qu’il est bon d’avoir une séparation des pouvoirs religieux et civil, mais, il y a sans doute plus que cela. Saint Augustin nous rappelle que de même que César cherche son image, son effigie, sur la pièce de monnaie, de même Dieu cherche son image dans nos cœurs. Il s’agit donc, pour nous qui sommes chrétiens, de vivre notre foi dans notre société laïque en faisant des choix, en posant des actes qui respectent l’homme dans sa dignité et honorent ainsi Dieu et son Royaume. Certes, dans certaines situation inacceptables au regard de notre foi, nous pourrons nous trouver en désaccord ou même en devoir de désobéissance lorsque la loi des hommes bafoue la dignité de l’homme.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que Dieu ne se substitue pas à la société civile. Il ne s’impose pas à elle. Il nous laisse libre d’inventer les chemins qui conduisent à vivre de l’amour du prochain.

Dans la célébration de cette Eucharistie qui clôt la semaine missionnaire mondiale demandons la grâce d’honorer pleinement notre vocation de chrétien là où nous vivons et travaillons. Annonçons à tous ceux qui ne connaissent pas Dieu qu’ils sont en fait connus de lui de façon unique…

Enfin, en pensant à la façon dont frère François d’Assise s’est situé dans le monde, à notre tour, faisons du monde notre cloître, au coude à coude avec les hommes de bonne volonté qu’ils soient croyants ou non. Œuvrons au bien commun ; tissons des relations fraternelles. Alors nous pourrons entendre Saint Paul nous dire, comme aux chrétiens de Thessalonique, : « … L’Évangile que je vous ai annoncé n’a pas été chez vous simple parole, mais puissance, action de l’Esprit-Saint, pleine certitude »,

Que la célébration de cette Eucharistie nous donne de vivre en ce monde en enfants de lumière, Amen

Brive, le 22 octobre 2023

Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 15 octobre 2023 – 28e dimanche A – Fr Jean Damascène

Homélie du 8 octobre 2023 – 27e dimanche A – Fr David

Homélie du 1er octobre 2023 – 26e dimanche A – 50 ans de sacerdoce de Fr Henri – Fr Miki Kasongo

Homélie du 24 septembre 2023 – 25e dimanche A – Fr Jean Damascène

Homélie du 17 septembre 2023 – 24e dimanche A – Fr David

Homélie du 10 septembre 2023 – 23e dimanche A – Fr Henri

Homélie du 3 septembre 2023 – 22e dimanche A – P. Samuel

Homélie du 20 août 2023 – 20e dimanche A – Fr David

Homélie du 15 août 2023 – Assomption de Marie – P. Samuel

Homélie du 13 août 2023 – 19e dimanche A – Fr David

Homélie du 6 août 2023 – Transfiguration du Seigneur A – Fr Carlos

Homélie du 30 juillet 2023 – 17e dimanche A – Fr Henri

Homélie du 23 juillet 2023 – 16e dimanche A – Fr David

Homélie du 16 juillet 2023 – 15e dimanche A – Fr Carlos

Homélie du 9 juillet 2023 – 14e dimanche A – Fr Henri

Une fois de plus, et cela n’a rien d’étonnant, la Parole de Dieu vient nous bousculer. Elle vient prendre le contre-pied de nos tentations, notamment celles de la désespérance et du découragement. Ce que les trois lectures de ce dimanche nous disent c’est ceci : même dans les situations les plus désespérées, le Seigneur est là ; il ne nous abandonne pas. Nous pouvons toujours compter sur lui.

C’est ce que nous voyons à l’œuvre dans la première lecture. Les juifs sont complètement découragés. Ils viennent de vivre l’épreuve de l’exil. Le prophète Zacharie intervient vigoureusement pour ranimer leur espérance. Il leur annonce un roi, mais un roi un peu inhabituel, un roi-messie. Ce qui frappe le plus chez ce roi-messie, c’est son caractère humble et pacifique. Zacharie nous dit que sa monture ne sera pas un cheval, qui est une monture de guerre, mais un ânon, qui est symbole de douceur. Ce roi-messie fera disparaître tout ce qui rappelle la guerre. Il instaurera un avenir de paix pour tous les hommes de toutes les nations. La violence, la persécution, la haine n’auront pas le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera.

Dans sa lettre aux Romains, saint Paul nous parle de l’accomplissement de cette promesse de paix. Il nous rappelle que, suite à notre baptême, nous ne pouvons plus vivre “sous l’emprise de la chair”, c’est-à-dire sous l’emprise du péché qui nous détourne de Dieu et qui nous conduit vers des impasses. Paul nous recommande de “vivre selon l’Esprit” qui est, si j’ose dire, notre nouveau « référentiel » et non le monde. C’est cet Esprit-Saint qui a puissance de répandre en nous l’amour qui est en Dieu et c’est cet amour qui triomphe de nos impasses et désespérances…

L’Évangile, lui, est plutôt déroutant !  « Père, Seigneur du ciel et de la terre,
je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants,
tu l’as révélé aux tout-petits ». Apparemment, ici,  les petits ce sont donc ceux qui ne sont ni sages ni savants. La question qui vient spontanément à l’esprit c’est de savoir pourquoi les mystères du Royaume de Dieu sont « révélés » aux tout petits et pourquoi ce qui est révélé aux tout petits demeure-t-il caché aux sages et aux savants ? Dit autrement, c’est quoi le problème des savants, c’est quoi le problème de ceux qui pensent savoir ? Leur problème, c’est quand ils restent enfermés dans leurs savoirs et leurs certitudes… Or, ce n’est qu’en restant humblement à l’écoute de l’Esprit-Saint et à l’écoute de nos frères et soeurs, que Dieu peut se révéler, non pas tel que nous croyons le connaître, mais tel qu’il est vraiment…

Et puis Jésus continue… Il invite les petits que nous sommes à accueillir toute sa miséricordel: “Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous soulagerai.” Quand Jésus parle ainsi, il a en face de lui des personnes qu’il rencontre chaque jour, des gens simples, des pauvres, des malades, des pécheurs, des exclus… Ce sont ceux-là qu’il appelle à lui : “Venez à moi !”… Il leur promet le repos. Cette invitation de Jésus est bien-sûr pour nous aujourd’hui. Jésus sait bien que chaque jour, dans nos sociétés dites civilisées, des hommes, des femmes et des enfants sont victimes de la haine et de la violence. Jésus sait bien qu’à cause de la guerre, beaucoup sont obligés de tout quitter pour aller sur une terre étrangère. Jésus connaît toutes nos fatigues et désespérances… C’est à nous tous que le Seigneur s’adresse : “Venez à moi!” … Il promet le repos qui ne se trouve qu’auprès de lui.

Frères et sœurs, croyons de toute notre foi que le Christ peut rendre légers ces fardeaux qui alourdissent notre âme. Mais cela ne sera possible qu’à une condition : que nous acceptions de prendre sur nous son joug.” Pour comprendre cette parole, il faut se rappeler ce qu’est un joug, cet outil qui permettait de joindre une paire de bœufs l’un à l’autre pour qu’ils puissent tirer un attelage qui, sans ce joug, aurait été trop lourd. En conjuguant deux forces, la sienne et la nôtre, ce que le Seigneur nous propose, c’est de faire alliance avec lui…

C’est pourquoi il est urgent de laisser là nos prétentions autosuffisantes et orgueilleuses à vouloir porter seuls nos souffrances, maladies, solitudes, et fatigues…Laissons Jésus venir porter avec nous nos pauvres vies… Alors, ce qui sera plus léger en nous, ce n’est pas d’abord le poids du fardeau mais la façon dont nous le porterons avec Jésus. Ce qui nous procurera le repos, c’est de porter les fardeaux des uns et des autres, ce qui revient à nous aimer comme Jésus nous a aimés… L’humble chemin de l’amour est la meilleure autoroute pour parvenir au Royaume…

Seigneur, dans cette Eucharistie, donne-nous d’ouvrir grand notre cœur à ta présence auprès de nous. Toi qui portes avec nous nos fardeaux, donne-nous de porter avec toi les fardeaux des personnes que tu mets sur notre route.  Toi qui es doux et humble de cœur, donne-nous cette même douceur et cette même humilité. Ainsi nous pourrons témoigner combien te laisser marcher à nos côtés est source d’une paix intérieure, une paix que le monde ne peut pas nous donner, une paix qui a puissance d’alléger nos fardeaux et de nous faire communier à cet amour que tu nous as révélé sur ta croix, Amen

Brive, le Saint-Antoine,

9 juillet 2023                                                                                 fr Henri Namur, ofm

Homélie du 2 juillet 2023 – 13e dimanche A – Fr Carlos

Homélie du 25 juin 2023 – 12e dimanche A – Fr David

Homélie du 18 juin 2023 – 11e dimanche A – Fr Henri

Homélie du 11 juin 2023 – Saint Sacrement A – Fr Carlos

Homélie du 4 juin 2023 – Trinité A – Fr Jean Damascène

Homélie du 28 mai 2023 – Pentecôte A – Fr Henri

En cette solennité de la Pentecôte, c’est toute l’Église, dont nous sommes les membres, qui est poussée au large par le grand vent de l’Esprit-Saint. Pour cette aventure en haute mer il nous est fait deux dons : le premier, c’est la libération de nos peurs, le second c’est le don de la paix, pas celle du monde, celle qui vient d’en-haut et qui est une des signatures de l’Esprit-Saint. C’est ce que nous décrit l’Évangile :

Jésus vient vers les disciples à un moment où ils sont insécurisés et apeurés. Ils ont cadenassé les portes par peur des juifs. Et voilà que soudain, malgré les portes verrouillées, Jésus est là au milieu d’eux. À nous aujourd’hui, comme à eux hier, Jésus commence par faire le don de sa paix. « Paix à vous ! » Il ne leur souhaite pas seulement la paix, il la donne ; car la vraie paix est toujours don de Dieu. Cette paix qui vient de Jésus n’est pas seulement absence d’angoisse ou victoire sur la peur : elle est cette paix biblique qui se dit Shalom en hébreu et qui exprime tout à la fois le bien-être, la prospérité, et la plénitude… Cette paix a le pouvoir de nous libérer de ce qui nous empêche d’avoir la vie, et de l’avoir en plénitude. En ce jour de Pentecôte, Jésus se tient devant chacun d’entre nous pour nous dire : « La paix soit avec toi ».

C’est seulement après le don de la paix que Jésus montre ses plaies à ses disciples comme pour leur faire comprendre que ce don est le fruit de sa Passion, de son immense amour pour nous…

Et puis Jésus ne fait pas que nous donner sa paix ; il souffle aussi sur ses disciples. Il leur donne l’Esprit-Saint, Esprit du Père et du Fils. Cette façon qu’a Jésus de souffler sur ses disciples nous renvoie au début de la Genèse lorsque le « souffle de Dieu » planait au-dessus des eaux. Ce souffle primordial a eu pour effet de séparer et ordonner ce qui, sans lui, n’était que « tohu-bohu », c’est-à-dire en Hébreu « vide et informe » cf. Gn 1,2). Cette expression biblique ne nous paraîtra pas étrangère puisqu’elle a été reprise par le Général de Gaule dans un discours télévisé resté célèbre… Ainsi, le jour de la Pentecôte, c’est le premier jour de la Création renouvelée. L’Esprit nous pousse et nous envoie proclamer la Bonne Nouvelle à toutes les nations. À l’instar des voiliers, tournons la grand-voile de nos vie au grand vent de l’Esprit-Saint. Il a le pouvoir d’allumer en nos cœurs l’Évangile à la façon dont un souffle d’air enflamme les braises. Sous son action la Parole de Dieu devient une parole vivante pour aujourd’hui, une parole qui fait son chemin dans la complexité de notre cœur et de notre monde. Oui, l’Esprit-Saint est par excellence la présence du Christ ressuscité à nos vies. J’ai conscience de le dire et de le répéter sans cesse, l’Esprit-Saint est le grand Artisan des œuvres du Père et du Fils, selon la magnifique expression de St Bonaventure . Il est en nous facteur de croissance et d’audace. L’accueillir en nos vies, c’est consentir à sortir de nos esclavages pour entrer dans le dynamisme de la vie Trinitaire. C’est pourquoi il nous faut le prier sans cesse. Le petit frère François d’Assise écrit qu’il nous faut, quand nous prions, demander deux grâces : la première : avoir l’Esprit du Seigneur, la seconde, le laisser agir en nous…

En nous envoyant proclamer l’Évangile en son nom, Jésus nous fait une confiance totale. L’Esprit Saint nous accompagne patiemment quelle que soit la variété des dons que nous avons reçus et des fonctions que nous exerçons dans l’Église. Comme nous le rappelle Saint Paul : « c’est toujours le même Dieu qui agit en tout et en tous ».

En terminant je vous laisse une image toute simple : quand nous parlons, c’est le souffle qui porte notre parole. Sans le souffle, notre parole serait inaudible. De même, l’Esprit-Saint, est le souffle de la Parole de Dieu, c’est lui qui nous rend audible cette Parole. Et n’oublions pas : c’est ce même Esprit-Saint qu’à chaque Eucharistie nous invoquons sur le pain et le vin et sur l’assemblée que nous formons en vue de la construction de l’unique corps du Christ.

Que la Vierge Marie, elle qui fut couverte de l’ombre de l’Esprit-Saint, ouvre notre cœur à son action puisque c’est lui qui fait toute chose nouvelle.

Prions les uns pour les autres afin que, dans l’Esprit-Saint, la parole du Christ Ressuscité trouve en nos vies une pleine réalisation. Annonçons sans peur l’Évangile de Dieu et sa miséricorde afin d’entrer dans le désir de Jésus lorsqu’il disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ». Amen

Saint-Antoine, Brive
28 mai 2023,
solennité de la Pentecôte fr Henri Namur, ofm

Homélie du 21 mai 2023 – 7e dimanche Pâques A – Fr David

Homélie du 18 mai 2023 – Ascension A – Fr Jean Damascène

Homélie du 23 avril 2023 – 3e dimanche de Pâques A – Fr Carlos

Homélie du 16 avril 2023 – 2e dimanche de Pâques A – Fr Henri

Frères et sœurs, si vous ne deviez garder qu’un seul mot de la liturgie de ce jour et de l’homélie ce serait celui-ci : « miséricorde » ! Ce dimanche est consacré à la « Miséricorde » dont Dieu fait preuve envers nous… Dans les lectures que nous venons d’entendre, il n’y a que dans la deuxième, qu’il est explicitement question de la miséricorde de Dieu quand Pierre invite à louer Dieu qui, “dans sa grande miséricorde… nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus”. Cette miséricorde, même si elle n’est pas mentionnée en tant que telle, nous la retrouvons aussi à l’oeuvre dans les autres lectures de ce jour.

Dans la première lecture, celle des Actes des Apôtres, nous voyons que le Christ continue à annoncer la Bonne Nouvelle par la bouche des Apôtres sous la mouvance de l’Esprit-Saint. Cet Esprit Saint est le principal artisan de la miséricorde de Dieu. C’est lui qui continue à agir dans l’Église aujourd’hui. Il nous précède toujours dans le cœur de ceux qu’il met sur notre route. Comme les premiers chrétiens, nous sommes tous envoyés pour annoncer la miséricorde divine, mais n’oublions jamais que le principal travail de la miséricorde de Dieu, c’est bien lui, l’Esprit-Saint qui le fait dans le cœur de chacun.

Cette miséricorde divine nous la retrouvons aussi dans le psaume 117. Le psalmiste rend grâce au Seigneur dont l’amour est éternel : “Rendons grâce au Seigneur, il est bon, éternel est son amour pour nous”… Cet amour est précisément un amour de miséricorde car Dieu nous aime, non à cause de nos mérites, mais gratuitement. Il nous aime pour nous relever et nous rendre pleinement vivant pour lui. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet amour miséricordieux.

L’évangile, enfin, nous invite à avancer plus avant dans la découverte de la miséricorde divine. Nous sommes le soir du premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche soir. Les disciples ont verrouillé les portes du lieu où ils sont car ils ont peur. Cette peur, nous la connaissons bien. Dans notre monde imprégné par l’indifférence, l’incroyance et la “mal croyance”, nous avons parfois peur ou honte de témoigner de Jésus… Or, c’est précisément dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés pour témoigner de la miséricorde divine.

Appelés à témoigner dans un monde souvent hostile, notre grand réconfort et notre assurance, c’est la présence de Jésus à nos côtés. Il nous rejoint là où nous sommes de la même façon qu’il a rejoint ses disciples apeurés.  Lorsqu’il s’est fait reconnaître auprès d’eux, sa première parole fut un message de paix et de miséricorde afin de les libérer de l’angoisse qui les étreignait. : « la paix soit avec vous! » C’est cette même paix qu’il nous adresse aujourd’hui afin que nous annoncions avec audace et enthousiasme sa miséricorde. Comme les chrétiens des premières communautés, notre témoignage a besoin de quatre piliers :

– Le premier, c’est celui de la Fidélité à l’enseignement des apôtres. Une fidélité qui nous permet d’approfondir notre foi et de convertir nos vies de baptisés.

– Le second pilier, c’est celui de la Fidélité à la communion fraternelle : « à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples »

– Le troisième pilier, c’est celui de la Fidélité à la fraction du pain c’est-à-dire à la célébration de l’Eucharistie, nourriture de notre vie éternelle …

– Le quatrième pilier, c’est celui de la Fidélité à la prière, tant personnelle que communautaire.

C’est bien pour « consolider » l’assise de ces quatre piliers que nous sommes rassemblés dans cette église afin de “puiser à la Source” de celui qui est toute miséricorde. Pour nous faire entrer dans la foi, pour nous permettre de croire « sans avoir vu », le Christ ressuscité vient guérir nos regards. Il nous apprend à voir, mais avec les yeux de la foi. Il nous invite à voir au-delà des apparences pour découvrir l’énergie de la résurrection à l’œuvre. C’est dans cette même foi que, dans un instant, nous nous approcherons de l’Eucharistie afin de communier à la miséricorde du Seigneur qui nous dit : « Regarde mon côté ouvert, ce sont les entrailles de ma Miséricorde. Avance pour boire à cette source divine et je te réconcilierai avec moi et tu communieras à mon Amour. N’aie pas peur de t’approcher de moi et ce, même si tes péchés sont comme l’écarlate. Ton péché serait-il assez puissant pour mettre en échec ma Miséricorde ? »

Frères et sœurs, laissons cette interrogation résonner dans nos cœurs et les marquer à jamais : « Ton péché serait-il assez puissant pour mettre en échec ma miséricorde ? » Tout est dit de la miséricorde de Dieu. Touchés par une telle révélation, laissons jaillir de nos cœurs ces mots d’amour de Saint Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ». Puissions-nous les répéter au moment de communier tant ils disent notre action de grâce et notre foi en la toute-puissance de la Miséricorde divine. Désormais, par la Résurrection, la mort est devenue un tremplin vers la vie : là est l’œuvre miséricordieuse de Dieu pour nous, Amen, Alleluia !

Brive le 16 avril 2023                                          fr Henri Namur, ofm

Homélie du 9 avril 2023 – Pâques A – Fr David

Homélie du 8 avril 2023 – Vigile Pascale A – Fr Carlos

Homélie du 6 avril 2023 – Jeudi Saint A – Fr Henri

Chers frères et sœurs, de tout notre cœur accueillons la Parole de Dieu qui, en ce jour, nous révèle simultanément qui est Dieu dans le dévoilement qu’Il nous fait de lui-même lors du lavement des pieds et aussi qui nous sommes en tant que disciples du Christ… ?

Saint Jean met sous nos yeux le spectacle étonnant de Jésus qui lave les pieds de ses disciples. Ce geste de Jésus est inconcevable tant il heurte notre sens immédiat de la puissance de Dieu ! Et pourtant, à l’occasion de son dernier repas, c’est bien le geste que Jésus nous laisse. Geste qui est un véritable testament, un authentique nouveau testament ! A l’époque de Jésus, laver les pieds des hôtes est un geste d’hospitalité. Ce geste est toujours accompli par un serviteur. Probablement certains d’entre vous ont déjà fait des séjours dans des monastères. Vous aurez alors fait l’expérience du lavement de vos mains par le Père Abbé juste à l’entrée du réfectoire des moines. Or, ce soir, il ne s’agit pas des mains mais des pieds ! Le mouvement d’abaissement de Jésus est un abaissement total… Jésus partage ainsi la position d’infériorité du domestique. Le très-haut se fait le très-bas. Lui, le maître, il s’agenouille à nos pieds pour les laver et les essuyer.

Qu’est-ce que Jésus peut bien vouloir nous dire par un tel geste si émouvant et si étranger à nos manières d’être habituelles ?  En fait, ce que Jésus veut nous faire comprendre c’est qu’en sa Personne c’est le Père lui-même qui vient servir nos vies! Que ce soit au moment de la Création, que soit au moment de l’Incarnation ou que ce soit lors de son abaissement aux pieds de ses disciples au cours de son dernier repas,  c’est le même mouvement d’abaissement qui est accompli. Rappelons-nous les mots de St Paul en Philippiens 2: « lui, de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur». C’est bien pour nous relever que Dieu se fait tout petit et serviteur en Jésus…

Ainsi, aujourd’hui, c’est un seul et même amour qui nous est révélé tant dans l’institution de l’Eucharistie que dans le lavement des pieds. Contempler un tel amour c’est, inséparablement, faire de nos vies une authentique eucharistie c’est-à-dire un service de la charité de Dieu pour nos frères et soeurs. » Et c’est bien effectivement ce à quoi nous appelle Jésus lorsqu’il nous dit: « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous ».

Ainsi, ces deux mémoires inséparables que sont la Sainte Cène et le lavement des pieds sont l’unique socle sur lequel notre assemblée est fondée. Le lavement des pieds nous ouvre au mystère de l’eucharistie et l’eucharistie fortifie en nous l’amour fraternel. A n’en pas douter, c’est bien cette double mémoire qui inspire le Pape François lorsqu’il nous exhorte à « ne pas avoir peur de toucher la chair souffrante du Christ chez les hommes nos frères… » Mais vous comprenez bien que cette manière de « laver les pieds » de nos contemporains ne peut se réaliser sans une communion profonde au pain eucharistique, à l’incorporation du pain de vie qui est notre seule force.

Ainsi est Dieu, chers frères et sœurs, qui nous rejoint au plus loin que nous soyons afin qu’en Lui nous puissions retrouver le chemin qui mène au Père. …Pas étonnant que François d’Assise, touché par un tel abaissement, ait donné à ses frères le nom de « frères mineurs », afin que, se faisant tout petits, les frères permettent ainsi à toute personne rencontrée de grandir dans l’amour de Dieu… Voilà qui est Dieu en Jésus-Christ et dans son Esprit-Saint aujourd’hui.

Venons-en maintenant à la réaction de Pierre au moment où Jésus se présente devant lui pour lui laver les pieds et à ce que cela nous dit de nous-mêmes. La réaction de Pierre est plutôt vive, toute à l’image du caractère de l’homme : « tu ne me laveras pas les pieds : non   jamais! » Ce qu’il y a de bien avec Pierre c’est qu’on n’est jamais dans l’ambiguïté ou la demi mesure… Pierre résiste, comme après la première annonce de la Passion. Et sa résistance dit nos propres résistances à l’action de Dieu en nous.

Comme Pierre, refuser de nous laisser laver les pieds, c’est refuser de nous laisser toucher par le Christ, c’est refuser de nous laisser aimer par lui. Refuser le don de nous-mêmes aux autres à l’instar de Jésus, c’est encore nous détourner de Jésus, c’est toujours refuser qu’il lave les pieds de notre humanité…

Vous voyez combien il est difficile de nous laisser faire par le Maître de nos vies, combien il nous est difficile d’accepter que Dieu soit Dieu de cette façon si humble, d’accepter d’être associés à une telle manière d’être de Dieu … !

Devant ces résistances si bien ancrées dans la vie de Pierre et dans les nôtres, il importe au plus haut point de bien entendre la réaction de Jésus: « si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi ».Nous voilà donc prévenus : le lavement des pieds et la sainte Cène sont inséparables… Pour être du Christ, pour avoir part avec lui il faut être « comme » lui, il faut communier à sa mort et à sa résurrection…

Heureux sommes-nous, chers frères et sœurs, si nous gardons vive en nos cœurs la mémoire du Seigneur dans son Eucharistie et dans le lavement des pieds. Heureux sommes-nous si nous consentons au sens ultime de notre vie qui consiste à nous ouvrir à la miséricorde de Dieu et, en retour, au don de nos vies aux autres par amour de son amour. Heureux sommes-nous quand nous pouvons dire à notre tour par toute notre vie: « Seigneur, lave-moi non seulement les pieds mais aussi les mains et la tête afin que je puisse, avec mes frères et sœurs,  prendre ma part du soin que tu prends de tout homme en donnant ma vie par amour de Toi, Amen ».

Brive, le Jeudi-Saint – 6 avril 2023                              fr Henri Namur, ofm

Homélie du 2 avril 2023 – Rameaux A – Fr Jean Damascène

Homélie du 26 mars 2023 – 5e dimanche carême A – Fr Jean Damascène

Homélie du 19 mars 2023 – 4e dimanche carême A – Père Blondel

Homélie du 12 mars 2023 – 3e dimanche carême A – Fr Carlos

Homélie du 5 mars 2023 – 2e dimanche Carême A – Fr Henri

Les lectures d’aujourd’hui sont un véritable encouragement sur notre chemin de Carême. Elles sont une invitation pressante à regarder plus loin que le bout de notre nez, plus loin que notre logique, plus loin que nos peurs, plus loin que nos désespérances. D’où le vibrant appel à entrer dans l’Alliance que Dieu nous propose, comme il le fit en appelant Abraham, le Père des croyants. Cette même Alliance, c’est Jésus qui, pour nous, l’a scellée de façon pleine et définitive dans le don de sa vie pour nous, faisant de son sang, comme le disent les paroles de la consécration, « le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle ».

Comme Abraham, nous sommes donc appelés à être des croyants, des hommes et des femmes de foi, d’une foi de plein vent qui nous fait sortir de nous-mêmes sur la seule Parole de Dieu et ce afin de mieux nous retrouver dans la pleine liberté des enfants de Dieu. C’est cette foi qui fait de nous des justes, c’est-à-dire des personnes ajustées par Dieu à son propre amour.

Le récit de la Transfiguration, est quant à lui un véritable dévoilement de la gloire qui attend Jésus par-delà sa mort prochaine. C’est, d’une certaine façon, Pâques avant l’heure ! Jésus prépare ses disciples à sa Passion et à la gloire qui l’attend. Ce récit est comme la pédagogie de Dieu envers nous aujourd’hui. Il nous prépare, nous aussi, à ne pas rester enfermés dans l’humain trop humain. La Transfiguration de Jésus nous fait lever le nez pour voir plus loin que la mort de Jésus, plus loin que nos nuits et nos propres morts… On comprend que les disciples, après avoir contemplé Jésus transfiguré, voulaient s’installer dans ce bonheur en plantant des tentes sur la montagne. Ils auraient bien aimé que ça dure plus longtemps… ! Mais voilà, la voix du Père vient ramener les trois disciples à la réalité en leur disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! …C’est un peu comme si la voix du Père leur disait aujourd’hui, vous voyez son visage transfiguré, dans quelques jours, vous le verrez défiguré. Écoutez-le, c’est le même Jésus. Faites-lui confiance quoi qu’il arrive et redescendez dans la plaine à la rencontre de vos frères et sœurs les hommes.

Frères et Sœurs, avec ces textes bibliques il y a vraiment de quoi orienter notre Carême.  D’abord en nous rappelant que vivre le Carême c’est prioritairement « écouter le Fils bien-aimé » en le suivant sur la « montagne » : à chacun de nous de discerner comment prendre du temps avec Jésus sur la montagne, c’est-à-dire comment prendre du temps pour ce cœur à cœur qu’est la prière comme relation personnelle avec Jésus.

Deuxièmement, nous constatons que Dieu ne se laisse pas enfermer dans les tentes dont nous parle l’Évangile. Ces tentes, c’est dans notre monde qu’il nous demande de les planter, dans la vie ordinaire de tous les jours. C’est là que Dieu veut faire sa demeure. Et quand St François d’Assise, au début de sa vocation, s’ouvre auprès de Ste Claire pour savoir s’il doit se retirer dans la vie contemplative ou rester dans le monde, c’est sans hésitation que Ste Claire l’invitera à rester parmi les hommes. Du coup, François va transporter la vie du cloître dans la vie des hommes. C’est ainsi qu’il dira à ses frères : « notre cloître, c’est le monde ! », ce qui est une belle façon d’y planter la tente de Dieu…

Ceci étant, force est de constater que ce monde que Dieu veut habiter, ce monde où nous vivons, se trouve défiguré par les guerres, les violences et l’intolérance. L’Église de Jésus-Christ elle-même est défigurée par ceux qui, en son sein, se comportent en ennemi de la croix du Christ. C’est précisément au cœur de cette dure réalité que Dieu compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. Cela commence par la purification de notre coeur et l’écoute de sa Parole. Et cela se poursuit en convertissant nos manières d’être et d’agir pour qu’elles soient conformes à sa sainteté et à sa bonté. C’est cela la conversion !

Enfin, nous sommes invités à rayonner cette blancheur et cette beauté du Fils bien-aimé lorsqu’il apparaît transfiguré sur la haute montagne. Porter le nom de chrétien, c’est rayonner du Christ. La contemplation du visage lumineux du Christ a puissance de régénérer nos coeurs jusqu’à les faire battre au rythme du cœur de Dieu et de sa miséricorde !

En ce temps de Carême, laissons l’Esprit-Saint être le Maître de notre désir le plus profond, le désir d’aimer davantage Jésus et d’aimer davantage nos proches et ceux qui sont loin. Pour cela, pas d’autre chemin que celui de Jésus. Ce chemin passe nécessairement par la croix qui nous dévoile la vérité de Dieu et celle de l’homme. Cette croix, soyez bien convaincus qu’elle a le pouvoir de convertir en nous tout ce qui a besoin de l’être. Au bout du chemin, comme au bout de notre Carême, c’est la joie de Pâques qui nous attend, alors, comme nous y exhorte St Paul, avec la force de Dieu, prenons notre part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile, Amen.

Brive, le 5 mars 2023

Deuxième dimanche de Carême,                                fr Henri Namur, ofm

Homélie du 26 février 2023 – 1er dimanche carême A – Sylvain Mansart

Homélie du 12 février 2023 – 6e dimanche A – Fr Jean Damascène

Homélie du 5 février 2023 – 5e dimanche A – Fr Michel Laloux

Homélie du 29 janvier 2023 – 4e dimanche A – Fr Henri

Homélie du 22 janvier 2023 – 3e dimanche A – Fr David

Homélie du 15 janvier 2023 – 2e dimanche A – Fr Jean Damascène

Homélie du 8 janvier 2023 – Epiphanie A – Fr Henri

Frères et Sœurs, fêter l’Épiphanie, c’est, comme ce mot d’origine grecque l’indique, fêter un dévoilement.  Ce qui nous est dévoilé aujourd’hui, ce n’est rien moins que l’Amour gratuit de Dieu, et un amour qui est pour tous. Ce dévoilement est mis en œuvre par une étoile qui brille dans la nuit et guide les Mages…

Cette lumière, Isaïe la contemplait déjà : « Debout, Jérusalem, resplendis. Elle est venue ta lumière et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » (Is 60,1) À Noël c’était la voix de l’Ange qui, dans la nuit, conduisait les bergers vers le nouveau-né, dans l’évangile d’aujourd’hui c’est une étoile qui, dans cette même nuit, conduit les Mages : dans un cas comme dans l’autre c’est toujours Dieu qui nous guide, soit par son ange, soit par sa lumière…

Ces trois Mages sont le symbole de tous ceux qui sont en recherche de Dieu.  Toute personne qui désire progresser dans la connaissance de la vérité, accomplit un chemin identique à celui des Mages. En effet les Mages ne connaissaient pas la Révélation biblique et pourtant ils finissent par trouver l’enfant. Ainsi en est-il pour ceux qui ne connaissent pas Dieu mais qui cherchent honnêtement. Si une telle aventure est possible pour les nombreuses personnes qui, aujourd’hui ne connaissent pas Dieu, c’est bien parce que Dieu a créé l’homme à son image, et que cette image de Dieu repose au plus profond de tout être humain : d’où, pour certains qui ne connaissent pas Dieu, l’éveil d’un désir fort de le rencontrer.

Ces mages représentent donc toutes les nations païennes qui viennent se prosterner devant leur Sauveur, tous les nouveaux convertis d’aujourd’hui, tous les hommes de bonne volonté, nos contemporains en mal de vivre et d’aimer en vérité…

C’est à nous, aujourd’hui, de sortir à la rencontre de ces personnes pour leur présenter Celui qui est le chemin, la vérité et la vie. Avec eux, apprenons à chercher cette étoile qui nous conduit vers l’enfant de Noël, cet enfant qui est la Révélation plénière de l’Amour de Dieu.

Faisons confiance au GPS qu’est l’Esprit-Saint, il nous conduira au lieu même de la Révélation de l’Amour de Dieu. On dit des étoiles que, comme la lune, elles influencent les marées, combien plus l’étoile de Noël et de l’Épiphanie a-t-elle la puissance de nous mettre en mouvement pour adorer en tout temps et en tout lieu Celui qui est la lumière de nos vies.

Grâce à cette source de lumière, agissons comme les Mages, déposons aux pieds de l’enfant la myrrhe de nos vies, c’est-à-dire notre espérance dans les épreuves ; déposons aux pieds de l’enfant l’encens de nos vies, c’est-à-dire notre foi par laquelle nous vivons sous le regard de Dieu ; déposons aux pieds de l’enfant l’or de nos vies, c’est-à-dire notre charité qui est une voie supérieure à toutes les autres et donc de grande valeur.  Voilà ce que Dieu attend de nous : là se trouve la vraie joie.

Enfin, de même que les Mages ont été avertis en songe de prendre un autre chemin que celui qu’ils avaient prévu, osons, nous aussi, nous laisser dérouter pour emprunter les chemins que Dieu nous indique au creux de notre prière d’abandon.  Osons nous laisser guider et transformer par Celui qui est la lumière…Une lumière qui éclaire et suscite nos choix, nos prises de parole, le don de nos vies : c’est seulement ainsi que nous serons des témoins crédibles pour ceux qui ne connaissent pas Dieu mais qui le cherchent…

Grâces soient donc rendues à Dieu en ce dimanche de l’Épiphanie. Désormais, en Jésus, lumière née de la lumière, tous les trésors qui sont dans le cœur de Dieu affluent désormais vers nous sans distinction de race ou de condition sociale. C’est bien ce que nous déclare St Paul dans l’Épitre aux Éphésiens : « Désormais, par l’annonce de l’Évangile, toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus ».  

Soyons bien persuadés qu’annoncer l’évangile, cela exige que nous soyons des disciples missionnaires tout au long de notre vie. Disciples, parce qu’il est indispensable que nous prenions le temps de recevoir la lumière du Christ ; missionnaires parce que nous sommes envoyés pour réfléchir cette lumière par notre témoignage de vie. Ayons soif de Dieu ; Sous la houlette de l’Esprit-Saint, cherchons-le sans nous lasser. C’est ainsi que nous donnerons à ceux que nous rencontrons, l’envie de se mettre en route eux aussi vers le Maître et Seigneur de nos vies couché dans cette crèche avant de l’être sur sa croix : de la crèche à la croix c’est un seul et même amour qui nous est ainsi révélé, Amen.

Brive, le 8 janvier 2023 fr Henri NAMUR          

Homélie du 1er janvier 2023 – Sainte Marie Mère de Dieu A – P. Gérard Reynal

Homélie du 25 décembre 2022 – Noël A – Fr David

Homélie du 24 décembre 2022 – Nuit de Noël A – Fr Henri

Frères et sœurs, que la paix de cette nuit de Noël emplisse vos cœurs… pas la paix que le monde ne peut pas donner mais celle qui vient d’en-Haut et qui nous visite en cette nuit, cette paix qui dit Dieu, cette paix qui annonce son amour pour nous… Oui, Dieu nous aime. Il nous aime comme jamais quelqu’un n’a aimé ! Vous le savez bien, si nous pouvons dire que nous sommes sauvés, c’est bien parce que nous sommes aimés ! Dieu nous aime malgré tout ce que nous lui faisons subir. Il ne peut pas faire autrement qu’aimer ! Dans nos familles humaines  ce sont les enfants les plus difficiles, fragiles ou malades qui requièrent de la part des parents plus d’amour… Nous sommes ces enfants difficiles, en souffrance et souvent perdus, nous sommes ces enfants bénéficiaires de ce plus d’amour de Dieu…

Ce « plus d’amour, voici qu’en cette nuit il nous est donné dans la naissance de Jésus. Une naissance qui est passée presque inaperçue…sauf pour les bergers qui furent enveloppés de lumière et qui entendirent la parole de l’Ange, « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple ».  Les bergers font partie de ces petits et pauvres de cœurs, ils sont en marge de la société. C’est pourtant à eux que l’ange annonce en premier la grande joie de la naissance de l’enfant. Face à la révélation d’un tel amour, on comprend que les anges se soient mis à chanter la gloire de Dieu, le « gloria in excelsis Deo. »

Arrêtons-nous un instant sur ce qu’est exactement cette gloire de Dieu qui nous est manifestée en cette nuit. En hébreu, la « gloire » c’est ce qui a du poids, c’est ce qui fait qu’une personne fait le poids ; la gloire de Dieu c’est le fait qu’on peut réellement compter sur lui. La gloire de Dieu, c’est sa présence parmi nous, c’est cet enfant de la crèche qui attend que nous le prenions dans les bras pour prendre soin de lui… Frères et sœurs, comment pourrions-nous avoir peur d’un tel Dieu qui se rend si vulnérable et qui vient mendier notre amour ? Dans la contemplation de cet enfant nous pouvons nous demander quel soin nous prenons de Dieu  dans notre vie quotidienne ? Quel souci nous avons de lui ? Saint François d’Assise se posait déjà la même question, lui qui déplorait que l’amour de Dieu ne soit pas aimé… ! Cette gloire de Dieu qui nous est manifestée en cette nuit rejaillit sur nous dans la certitude que le Seigneur est avec nous. Il l’est à la crèche comme sur la croix ; dans l’Eucharistie comme dans les sacrements et aussi dans nos propres vies.

Ce soir, laissons l’Esprit-Saint nous ouvrir au grand mystère de l’humilité de Dieu. Faisons de notre cœur une crèche afin d’accueillir l’enfant Jésus et le laisser naître en toutes nos rencontres. Laissons l’Esprit-Saint, ce grand artisan des œuvres du Père et du Fils, nous revêtir de cet amour infini de Dieu, un amour qui l’emporte sur nos œuvres de mort, un amour qui est la seule réponse de Dieu au mystère du mal et du péché. Cet amour-là, il ne demande qu’à se nicher au plus profond du sanctuaire de nos cœurs, là où il peut trouver un espace de pauvreté et d’humilité, là où il pourra se dilater pour notre salut et celui de tous ceux qui nous entourent…

Quelle source d’espérance que cette nuit de Noël où Dieu se fait Dieu-avec-nous … Partout où l’homme souffre, partout où l’homme est défiguré, partout où l’homme est perdu, Jésus nous rejoint pour prendre la dernière place afin que nous ne perdions ni l’espérance, ni notre dignité. Dans sa façon de naître parmi nous Jésus nous apprend quelque chose d’essentiel à savoir que l’amour, quand il vient de Dieu, il naît tout petit, sans bruit, loin des projecteurs ; il est comme la germination du grain jeté en terre ou du levain jeté dans la pâte…mais la puissance de ce grain, elle, est infinie… ! L’Amour divin se fait petit en cette nuit de Noël pour nous faire grandir jusqu’à la résurrection et notre pleine stature d’homme et de femme…

Au terme de cette méditation et dans une prière unanime,

Demandons la grâce d’un cœur qui veille… pour discerner la gloire de Dieu à l’œuvre au creux des soubresauts de notre monde et des blessures de nos vies ;

Demandons la grâce d’un cœur qui veille… pour apercevoir l’étoile qui indique le chemin de Celui en qui nos nuits deviennent comme le jour…

Demandons la grâce d’un cœur qui veille afin de battre au rythme du cœur de Dieu fait homme en Jésus…

« Aujourd’hui, dans la ville de David, nous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur », voilà le motif de notre joie profonde et de notre espérance…, une joie et une espérance que les événements quotidiens difficiles de nos vies ne peuvent altérer car en cet enfant est la route de notre propre naissance en Dieu. Amen, Alléluia.

Brive, Saint-Antoine

Nuit de Noël 2022                                                Fr. Henri NAMUR, ofm

Homélie du 11 décembre 2022 – 3e dimanche Avent A – Père Benoît Rivière

Homélie du 4décembre 2022 – 2e dimanche Avent A – Fr Jean Damascène

Homélie du 27 novembre 2022 – 1er dimanche Avent A – Fr David

Homélie du 20 novembre 2022 – Christ Roi C – Fr Jean Damascène

Homélie du 13 novembre 2022 – 33e dimanche C – Sylvain Mansart

Homélie du 6 novembre 2022 – 32e dimanche C – Fr Henri

Homélie du 1er novembre 2022 – Fête de Toussaint C – Fr Henri

Frères et sœurs, avec l’Apocalypse Saint Jean nous met en présence d’une foule immense. On se croirait dans l’ambiance d’un festival de musique. La différence, ici, c’est que cette foule n’est pas anonyme, ce sont les serviteurs de Dieu, autrement dit, les saints. Et puis, ils sont reconnaissables à la couleur de leur vêtement qui est blanc. Ils n’ont pas de badge mais ils sont marqués du sceau qui est la marque du Dieu vivant. À la différence des festivals de musique, ce n’est pas vers des musiciens et chanteurs que s’élèvent leurs acclamations mais vers Dieu. Ce qu’ils proclament d’une voix forte c’est que le Salut ne vient pas des hommes mais qu’il est donné par notre Dieu…  Le message est clair, Dieu seul sauve ! C’est ce que disent les visages des saints qui nous sont présentés dans cette église. Tous ces gens, nous dit St Jean, « viennent de la grande épreuve…ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau… Dit autrement, tous ces gens, ce sont les saints de la vie de tous les jours, ces hommes et ces femmes qui ont fait de leur baptême un témoignage quotidien de conversion et d’amour. Cette foule est à ce point immense que St Jean nous dit que « nul ne pouvait la dénombrer ». Ce qui veut bien dire que les saints, les amis de Dieu, sont bien plus nombreux que ceux que l’Église déclare comme tels… !

Cette foule immense ne connaît pas de limites : tous nous sommes appelés à les rejoindre pour tendre nous aussi vers la bonté et la beauté de Dieu : là est notre vocation ! Devenir saint peut nous paraître difficile, voire inaccessible. Saint Jean et Saint Matthieu viennent à notre secours en nous proposant deux façons de nous engager sur un chemin de sainteté.  La première façon, nous dit Saint Jean, c’est d’être pur.  Il affirme que lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est et il ajoute : « tout homme qui fonde sur le Christ une telle espérance se rend pur comme lui-même, Jésus, est pur » … De quelle pureté s’agit-il ? Le cœur pur, dans toute la tradition biblique, c’est celui qui n’est pas double !  Cette pureté, ici, n’est autre que celle qui transforme notre regard, nos intentions et notre agir. Pureté et sainteté sont intimement liés… En fait, est pur, celui qui consent à sa vocation à la sainteté. Emprunter les chemins de la sainteté, c’est donc croire, pour en vivre, qu’au cœur même des contradictions et des nuits de nos vies, nous sommes comblés de l’amour du Père qui nous appelle ses enfants.

L’autre façon de nous engager sur un chemin de sainteté, c’est de faire des Béatitudes notre nouvelle manière d’être. Saint Matthieu nous propose de commencer par contempler Jésus qui a prié toute la nuit et qui, au sortir de ce cœur à cœur avec son Père se met à enseigner les foules. Jésus prend le temps de construire en chacun une nouvelle manière d’être, une nouvelle manière de naître à la vie des enfants du Royaume, une nouvelle manière d’être heureux selon Dieu. Ces béatitudes, aujourd’hui, ce pourrait être :

  1. Bienheureux vous qui mettez vos pas dans ceux de Jésus et empruntez le chemin de pauvreté qui fut le sien….
  2. Bienheureux, vous qui faites de l’humilité votre boussole pour retourner dans la maison du Père,
  3. Bienheureux, vous qui êtes des chercheurs de Dieu,
  4. Bienheureux, vous qui, dans un monde violent et peu enclin à pardonner, êtes habités par la douceur et la proximité fraternelle d’un François d’Assise,
  5. Bienheureux, vous qui pleurez à cause du péché, le vôtre, celui du monde et celui de l’Église …,
  6. Bienheureux, vous qui êtes des artisans de paix dans les situations complexes et dramatiques que connaissent les migrants et les victimes des épidémies et du terrorisme…
  7. Bienheureux, vous qui contemplez dans la croix de Jésus l’amour qui pardonne et relève et invite à la sainteté…
  8. Enfin, bienheureux, vous qui ne confondez pas sainteté et perfection, vous qui vous laissez ajuster à Dieu par Dieu seul…

On pourrait allonger la liste de ces béatitudes qui dynamisent notre espérance et notre chemin de sainteté. Certes, choisir l’Évangile du Christ, c’est inévitablement affronter l’épreuve, parfois même la persécution mais heureux sommes-nous car, au cœur de tout cela, brille déjà la joie et l’allégresse qu’il y a dans le cœur de Dieu et dans tous ces saints d’hier et d’aujourd’hui qui ont vécu et vivent en enfants de lumière.

Dans la célébration de cette Eucharistie rendons grâce pour cette dynamique communion des saints qui, en Jésus le seul Saint, unit le ciel et la terre… Comme dans une cordée de haute montagne, resserrons nos liens avec tous ces saints qui nous précèdent.  Ils sont déjà arrivés au sommet, nous, nous sommes encore en marche. Soyons donc solidaires les uns des autres dans cette ascension vers le sommet de la Sainte Trinité ; Laissons-nous conformer à la sainteté de celui qui seul est saint. Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse car, avec ceux d’en haut nous formons un seul peuple, celui des enfants du Royaume qui se savent aimés et relevés …, AMEN             

Saint Antoine, Brive la Gaillarde,

Dimanche 1er novembre 2022                            Fr. Henri NAMUR, ofm

Homélie du 30 octobre 2022 – 31e dimanche C – Fr David

Homélie du 23 octobre 2022 – 30e dimanche C – Fr Jean Damascène

Homélie du 16 octobre 2022 – 29e dimanche C – Sylvain Mansart

Homélie du 9 octobre 2022 – 28e dimanche C – Fr Henri

Homélie du 2octobre 2022 – 27e dimanche C – Fr David

Homélie du 25 septembre 2022 – 26e dimanche C – Fr Jean Damascène

Homélie du 18 septembre 2022 – 25e dimanche C – Fr Henri

Frères et sœurs, ne restons pas sur notre impression première qui pourrait nous faire penser que Jésus nous a rassemblés ce matin pour nous faire l’éloge de la malhonnêteté ! Certes, il nous raconte la parabole d’un gérant infidèle et corrompu qui va être licencié pour faute grave et qui va se retrouver à la rue. Or, ce gréant dit malhonnête a tôt fait de trouver une solution pour assurer son avenir une fois licencié.  Il prévoit de s’attirer la bienveillance des débiteurs de son maître en abaissant leur dette.  Il va donc continuer de gérer de façon malhonnête un argent qui ne lui appartient pas. … 

En nous donnant cette parabole Jésus ne fait pas l’éloge de la malhonnêteté mais de l’habileté des « fils de ce monde ».  En fait, Jésus fait de la provoc. pour nous faire part d’un désir profond. Ce désir profond il nous l’exprime en mettant en contraste les « fils de ce monde » et « les fils de la lumière ». Pour gérer les affaires du Royaume, Jésus voudrait bien que les “fils de lumière” que nous sommes soient aussi habiles que les « fils du monde » représenté par cet intendant malhonnête mais astucieux.  

Il faut bien reconnaître que lorsqu’il s’agit de nos intérêts personnels, nous savons trouver des solutions. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit des intérêts de Dieu, et lorsqu’il s’agit de vivre en enfants du Royaume ? Y mettons-nous la même ardeur et ingéniosité que les fils de ce monde ?

Certes, l’argent est inconciliable avec les valeurs du royaume : nul ne peut servir Dieu et l’argent-idole ! La Bonne nouvelle c’est que nous pouvons convertir notre conception de l’argent : Jésus nous invite à faire de l’argent un simple serviteur de nos relations fraternelles. Dépossédé de sa logique de pouvoir, l’argent est ainsi mis au service de la relation et non de la possession ! L’argent, est remis à sa juste place, à savoir un simple moyen d’échange entre les hommes ! En ce sens, l’argent est neutre, c’est son utilisation qui révèle soit un cœur perverti, soit un cœur évangélique… L’argent n’est trompeur qu’à la mesure du regard que nous portons sur lui. C’est seulement lorsque nous faisons de l’argent une idole qu’il nous fourvoie et qu’il pervertit notre sens de Dieu et le sens de nos relations interpersonnelles… Seule, la conversion de notre cœur, peut nous permettre de faire de l’argent, non plus une idole qui nous possèede mais un simple et utile serviteur de relations … Et puis, pour bien enfoncer le clou, Jésus précise à qui veut bien l’entendre que l’argent ne tient pas ses promesses car ce n’est pas lui qui nous accueillera dans les demeures éternelles !

La question pour nous ce matin c’est donc de savoir en qui nous plaçons notre confiance et quelle place nous accordons dans nos vies pour le Royaume de Dieu et sa justice ? Le faisons-nous en fonction de notre compte en banque ou en fonction de la logique d’amour du Royaume ?

C’est là que la parole du prophète Amos nous est très utile. Amos s’attaque durement aux désordres, aux inégalités et à l’exploitation des pauvres. Nous savons combien l’appétit désordonné de l’argent produit d’effets pervers. Cet appétit désordonné de l’argent est une des causes des nombreux conflits qui surgissent dans notre monde. Des scandales financiers, des histoires d’argent, font surface chaque jour dans la presse. Notre parabole évoque ce jeu fascinant de l’argent.  Quand on profite de la dépendance des plus faibles pour les exploiter encore plus, ce n’est pas tolérable. Et c’est bien ce que dénonce le prophète Amos. Quand on pense, par exemple, que plus de la moitié du patrimoine mondial aujourd’hui est détenue par un pour cent de la population, on se dit qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien dans notre rapport à l’argent.

Il est urgent que nous entendions l’appel d’Amos à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel ; il est urgent que nous entendions l’appel de Jésus à mettre l’argent à sa juste place de simple serviteur de nos relations. Investir, oui, mais pas sur le dos des autres ! Nos placements, c’est dans des relations humaines justes et fraternelles que nous devons les faire C’est cela être des fils de la lumière qui inspirent leur habileté pour le Royaume, non du monde mais de l’Esprit-Saint. C’est cela être serviteurs du Bien véritable que Dieu nous a confié pour le bien de tous.

Un dernier mot, celui-là je le laisse à frère François d’Assise qui s’adresse à ses frères dans la 1R/8 : « l’or et la monnaie, nous ne devons pas les considérer comme plus utiles ou plus précieux que les cailloux. Le diable s’emploie à aveugler ceux qui convoitent l’argent ou qui lui accordent plus de valeur qu’à des cailloux. Nous qui avons tout quitté, n’allons donc pas perdre pour si peu le royaume des cieux. »

Brive, Saint-Antoine, 18 septembre 2022                                             fr Henri Namur, ofm

Homélie du 4 septembre 2022 – 23e dimanche C – fr Jean-Damascène

Homélie du 28 août 2022 – 22e dimanche C – Fr Henri

Homélie du 15 août 2022 – Assomption C – Fr Carlos

Homélie du 14 août 2022 – 20e dimanche C – Fr Henri

Habituellement, quand nous prenons le temps d’écouter une personne, nous sommes attentifs à l’expression de son désir. Eh bien, aujourd’hui, dans l’évangile, Jésus nous exprime son désir profond. Son grand désir, c’est que le feu qu’il est venu apporter sur la terre soit déjà allumé et que le baptême qu’il doit recevoir soit accompli. Et puis, il ajoute, ces paroles qui ont de quoi nous déstabiliser : « je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre mais bien plutôt la division ! » La bonne question à nous poser c’est de commencer par nous demander de quel feu il s’agit et à quel baptême le Seigneur fait allusion et puis de tenter de comprendre ce qu’il veut-il dire quand il affirme qu’il est venu apporter la division sur la terre ? Commençons par tout remettre dans la perspective de Dieu, source de tout bien… Dieu qui ne nous veut que du bien !

Le feu sur terre, ce n’est pas celui des incendies destructeurs que nous connaissons cet été… ce feu, c’est celui que le Seigneur vient allumer dans nos cœurs ; un feu qui se propage à la vitesse des incendies de forêt et qui n’est autre que celui de l’Esprit-Saint qui embrase nos cœurs de son propre amour et nous fait aimer notre prochain. Ce feu, c’est celui qui vient nous rappeler que nous sommes bâtis pour pouvoir aimer et vivre des relations pleines avec Dieu et avec nos frères et soeurs… Voilà ce que vient allumer le feu de Jésus sur la terre ! Le désir le plus ardent du Seigneur, c’est de nous apporter ce feu de l’amour du Père, un feu qui donne une vie pleine et dans lequel tout homme est sauvé.

Ce feu de l’amour de Dieu, c’est à nous de le répandre dans le monde. Et c’est précisément parce que nous serons les incendiaires d’un tel amour que nous serons reconnus comme les véritables disciples du Seigneur. Mais, attention ! Ce feu, il ne suffit pas qu’il soit allumé, encore faut-il qu’il soit entretenu par notre prière fervente et notre disponibilité à servir notre prochain.

Quant au baptême que Jésus doit recevoir… il n’est autre que celui de sa mort et de sa résurrection. C’est ce baptême dans lequel Jésus se livre tout entier à son Père au début de sa vie publique et dans lequel il nous fait déjà le don de sa vie. Ce baptême c’est sa mort par amour pour nous sur la Croix, une croix sur laquelle l’amour se révèle plus fort que nos morts et que la mort elle-même, un amour qui est la seule réponse de Dieu au mal…

Ce baptême que Jésus doit recevoir, c’est celui dans lequel, nous aussi nous avons à être plongés afin de mourir à notre péché et surgir à la vie de Dieu. Seul un tel amour peut embraser nos vies.  Certes, être baptisé et faire nôtre le chemin pascal de Jésus ouvre dans nos vies tout un chemin de conversions parfois douloureuses. Jésus lui-même nous dit être dans l’angoisse jusqu’à ce que ce baptême soit accompli, et comme le dit l’auteur de l’épître aux Hébreux, nous avons à « résister jusqu’au sang dans notre lutte contre le péché. »

Enfin, j’en viens à cette affirmation de Jésus qui, apparemment, vient en rajouter à toutes ces divisions dont nous faisons l’expérience et qui pourrissent notre vie : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division » Une première précision qui peut grandement nous aider à dépasser ce qui nous scandalise, c’est d’affirmer que cette division dont parle Jésus ne procède pas d’une intention malveillante de sa part mais qu’elle est de l’ordre d’un constat, d’un résultat. Ce résultat c’est celui qui découle du choix résolu que nous faisons du Christ. Se décider pour le Christ, c’est, de fait, être confronté à des incompréhensions, à des divisions, voire à se faire rejeter…y compris, parfois, au sein de nos familles !

Ce que Jésus est venu « diviser », ou mettre en « question » au milieu de nous, ce sont nos modes de vie qui, pour devenir évangéliques, doivent payer le prix de la cohérence avec l’Évangile, une cohérence qui est essentiellement amour de Dieu et, inséparablement, amour du prochain.

Enfin, ce qui peut aussi nous aider à apprivoiser cette « division » qui nous vient de Jésus et qui ne peut qu’être bonne pour nous, c’est de nous référer au début de la Genèse et de la Création du monde. L’action de l’Esprit-Saint qui plane sur les eaux consiste précisément à diviser et séparer afin de faire surgir la vie de ce qui est informe. Ainsi en est-il de Jésus qui, en nous appelant à le suivre, nous fait advenir à nous-mêmes et à la liberté des enfants de Dieu.

Demandons à Marie, que nous allons fêter demain, de nous aider à accueillir cet embrasement de l’Esprit-Saint que Jésus est venu allumer en nos vies, un embrasement qui a puissance de faire toute chose nouvelle pour le bien de tous, Amen

Brive, le 14 août 2022

Église Saint-Antoine.                                                     Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 7 août 2022 – 19e dimanche C – Fr David

Homélie du 31 juillet 2022 – 18e dimanche C – Fr Carlos

Homélie du 24 juillet 2022 – 17e dimanche C – Fr David

Homélie du 26 juin 2022 – 13e dimanche C – Fr. David

Homélie du 19 juin 2022 – Fête du St Sacrement C – Fr. Jean Damascène

Homélie du 5 juin 2022 – Pentecôte C – Fr Henri

« Le Père vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous ». Ici, Jésus fait référence à son Père qui prend l’initiative de nous envoyer un autre Défenseur, c’est-à-dire l’Esprit-Saint. Mais pourquoi l’envoi d’un autre Défenseur ? Simplement parce que Jésus, qui est notre premier défenseur nous a promis, lors de son départ, de ne pas nous laisser orphelins. L’Esprit-Saint est cet autre Défenseur qui nous est donné pour toujours comme présence du Christ Ressuscité à nos vies.  

Une autre question que nous pouvons nous poser c’est de savoir pourquoi l’ES est qualifié de Défenseur ? Spontanément, ce mot nous fait penser à un combat, qu’il soit physique ou judicaire. En effet, c’est seulement quand on est attaqué qu’on a besoin d’être défendu. Or, le combattant, en nous, c’est précisément l’Esprit-Saint. Sans lui nous serions bien incapables de mener le bon combat c’est-à-dire le combat contre le péché et la désespérance, le combat pour vaincre notre difficulté à croire à la miséricorde, le combat pour sortir de nos infidélités, de nos aveuglements et que sais-je encore ? Bref, sans l’Esprit-Saint qui est notre Défenseur, impossible de mener le bon combat dans lequel nous nous laissons conformer à l’amour du Seigneur.

C’est bien pour cela que, lorsqu’on parle de l’Esprit-Saint comme Défenseur, vient immédiatement à l’esprit ce que la Tradition de l’Église appelle le « combat spirituel », c’est-à-dire ce combat que nous menons pour distinguer ce qui, dans nos vies, vient du Malin ou de l’Esprit-Saint. Car notre vocation c’est bien d’être bons comme lui-même Dieu est bon, d’être saints comme lui-même Dieu est saint.

Une autre action essentielle de l’ES en nous est rappelée dans l’Évangile lorsque le Seigneur nous dit que ce n’est que dans l’Esprit-Saint que nous pouvons garder les commandements et l’Évangile. L’ES apparaît donc clairement comme une Personne avec laquelle notre intelligence et notre cœur entrent en dialogue afin d’en recevoir inspiration et illumination. C’est ce même Esprit-Saint dont l’Evangile de Jean nous rappelle qu’Il nous enseignera tout, et nous fera souvenir de tout ce que le Seigneur a dit et enseigné.

C’est encore lui, l’Esprit-Saint, qui a le pouvoir d’allumer en nos cœurs le texte de l’Evangile à la façon dont un souffle d’air vient faire jaillir les flammes qui couvaient sous la cendre. C’est seulement ainsi que la Parole de Dieu dans la Bible devient une parole vivante pour aujourd’hui, une parole qui fait son chemin dans la complexité de notre cœur et de notre monde. L’Esprit-Saint est par excellence la présence du Christ ressuscité à nos vies, il est le grand Artisan des œuvres du Père et du Fils, selon la magnifique expression de St Bonaventure. C’est pourquoi, quand nous lisons l’Écriture, il nous faut invoquer l’Esprit-Saint afin de ne pas en rester à une simple lecture intellectuelle mais laisser à l’ES le soin d’enflammer ces mots en les faisant descendre de notre tête dans notre coeur…

L’Esprit-Saint est aussi l’acteur en nous d’une croissance étonnante. Cela ressort nettement des mots de St Paul dans sa lettre aux Romains : « nous n’avons pas reçu un Esprit qui fait de nous des esclaves mais des fils ». Accueillir l’Esprit-Saint en nos vies, c’est consentir à sortir de nos esclavages pour entrer dans l’intimité de la Sainte Trinité. C’est pourquoi, à l’exemple du petit frère François d’Assise et de tant d’autres nous devons, quand nous prions, demander deux grâces : la première : avoir l’Esprit du Seigneur, la seconde, le laisser agir en nous. Quand on pense que, tout fils authentique de l’Église qu’il était, Saint François, ira jusqu’à écrire dans sa Règle que le véritable Ministre Général de l’Ordre, c’est l’Esprit-Saint. Le message est clair : les structures, les Règles et les institutions sont au service de cette liberté de l’Esprit-Saint et non pas là pour l’enfermer… !!! Soyons donc de ceux qui contribuent à allumer le feu de l’Esprit dans les cœurs de celles et ceux qui cherchent Dieu en tâtonnant…  

Que la Vierge Marie, qui a été couverte de l’ombre de l’ES, nous apprenne à garder la parole de Jésus afin que celle-ci trouve en nos vies une pleine réalisation. En terminant je vous laisse une image toute simple : de même que notre parole, sans notre souffle, ne pourrait pas être entendue, de même, l’Esprit-Saint est le souffle qui porte et fait entendre la parole du Père et du Fils. Et n’oublions pas : c’est ce même Esprit-Saint qu’à chaque Eucharistie nous invoquons sur le pain et le vin et sur l’assemblée que nous formons en vue de la construction de l’unique corps du Christ. Ouvrons-nous donc à cet Esprit-Saint qui fait toute chose nouvelle afin que, comme il est dit dans la séquence de la Pentecôte, « il assouplisse en nous ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid et rende droit ce qui est faussé »,

Brive ; Saint-Antoine

Pentecôte 2022-06-05                         fr Henri Namur, ofm

Homélie du 29 mai 2022 – 7e dimanche Pâques C – Fr Carlos

Homélie du 26 mai 2022 – Fête de l’Ascension C – Fr Henri

Quand nous proclamons le Credo nous disons : « Jésus est monté aux cieux, il siège à la droite de Dieu ». L’Ascension n’est donc pas l’absence de Jésus mais, bien au contraire, le signe qu’Il est vivant au milieu de nous de manière nouvelle ; il n’est plus dans un lieu précis du monde ; à présent, il est « monté aux cieux, il siège à la droite de Dieu ». Désormais, il est présent en tout lieu et en tout temps, proche de chacun de nous par son Esprit-Saint : il nous rejoint chaque fois que nous sommes réunis en son nom et c’est le cas ce matin.

 Plus qu’une montée, l’Ascension est comme un « pont », un pont qui nous permet de passer d’une rive à l’autre et ce « pont », c’est Jésus-Christ. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Pape est appelé « Pontife »… Ainsi, par son Incarnation, sa Passion, sa Résurrection et son Ascension Jésus est ce pont qui permet à notre humanité d’accueillir Dieu et d’aller vers lui. Il y a comme un double mouvement inverse : dans l’élévation de Jésus c’est toute la grâce de Dieu qui descend vers nous par le don de l’Esprit-Saint.

Notre propre humanité, notre propre chair sont déjà en Dieu puisque Jésus est « remonté » dans la gloire de son Père avec les marques de sa Passion inscrites dans sa propre chair de ressuscité.  Il y a désormais en Dieu un corps d’homme transfiguré, et glorifié, un corps d’homme divinisé, dans lequel la mort a été vaincue, et avec elle tout pouvoir du mal.

Ce jour de l’Ascension, est pour les Apôtres la fin d’un rêve et le début d’une espérance. La fin d’un rêve, parce qu’ils espéraient un Messie qui rétablirait le Royaume d’Israël avec force. Mais l’arrestation et la crucifixion de Jésus ont ruiné cet espoir ; et c’est le début d’une réelle espérance parce que désormais, en Jésus, s’accomplit la vocation du peuple élu d’être le signe de l’alliance pour annoncer à toutes les nations, et donc aussi aux païens, la bonne nouvelle du Salut.

C’est pourquoi nous sommes vivement invités à ne pas à rester le regard tourné vers le ciel.  Le jour de l’Ascension est le jour par excellence où nous accueillons la mission que nous confie le Christ : « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples… ». Je suis allé voir dans le texte grec quel était le verbe traduit ici par « faire » « faites des disciples ». C’est le verbe « poreuô » qui signifie conduire, escorter. Nous sommes donc chargés par le Seigneur de conduire et escorter les personnes afin d’en faire des disciples qui se mettent à son école. Nous sommes chargés de faire se lever des disciples de cette Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour tout homme. Autant dire que notre responsabilité est immense.

Heureusement, pour aller vers les nations, pour aller vers les autres, nous ne sommes pas seuls, bien au contraire, puisque jésus nous dit en St Jean : « c’est votre intérêt que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas je ne vous enverrai pas mon Esprit » (Jn 16, 7). Accueillons-le, cet Esprit-Saint, cette « puissance venue d’en-Haut » afin d’en vivre comme lui, Jésus, en a vécu.

C’est dans ce même Esprit-Saint que l’Église est le corps du Seigneur. Dans sa faiblesse, sa fragilité, sa propre conversion toujours à recommencer, l’Église annonce, en en vivant, ce qu’elle a vu, entendu, touché du Verbe de Vie et elle pose les signes sacramentels de la présence de Jésus ressuscité jusque dans les bas-fonds de notre existence humaine. Certes, le Christ ressuscité n’est plus visible à notre regard, mais le monde doit pouvoir contempler son visage à travers nous dans la mesure où nous accueillons l’Esprit que Jésus nous donne, ce même Esprit qui l’unissait filialement à son Père.

Enfin, gardons précieusement en notre cœur la prière de Jésus : « Père, je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi pour qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux ». Jésus ressuscité nous montre que notre vie sur la terre est une préparation à la vie que nous aurons au ciel.

Encore une fois, ne restons pas le nez en l’air à contempler le ciel.  Ou plutôt, ce ciel, contemplons-le sur la terre à la façon de François d’Assise.  François a demandé à ses frères de faire du monde leur cloître, c’est-à-dire le lieu de leur contemplation. Il leur a demandé de contempler dans la Création et dans les créatures la puissance de la résurrection déjà à l’œuvre.  Tout remplis d’Esprit-Saint et tout joyeux, marchons donc, à la rencontre de Celui qui est allé nous préparer une place et qui reviendra nous prendre avec lui, afin que là où il est nous soyons nous aussi avec toute la création et toutes les créatures, Amen, Alleluia.

Brive, le 26 mai 2020

Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 22 mai 2022 – 6e dimanche Pâques C – Fr. David

Homéliee du 8 mai 2022 – 4e dimanche Pâques C – Fr Henri

Homélie du 1er mai 2022 – 3e dimanche Pâques C – Fr Carlos

Homélie du 17 avril 2022 – Pâques C – Fr David

Homélie du 16 avril 2022 – Vigile pascale C – Fr Carlos

Homélie du 14 avril 2022 – Jeudi saint C – Fr. Jean Damascène

Homélie du 10 avril 2022 – Rameaux C – Fr. David

Homélie du 3 avril 2022 – 5e dimanche carême C – Fr David

Homélie du 27 mars 2022 – 4e dimanche carême C – Fr Jean Damascène

Homélie du 20 mars 2022 – 3e dimanche carême C – Fr. Henri

Frères et sœurs, c’est un unique appel qui parcourt les trois lectures de ce dimanche et cet appel tient en un seul verbe : « convertissez-vous ! »  Se convertir, ce n’est pas d’abord une question de morale, c’est une nécessité relationnelle. Se convertir, c’est se tourner vers quelqu’un d’autre que soi. Se convertir, c’est se tourner vers Celui dont nous recevons la vie. C’est abandonner nos manières de voir pour entrer dans celles de Dieu. Ainsi, face à tous les malheurs auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui comme hier, face au risque d’en rester à nos seules vues, de nous décourager, de rejeter la responsabilité sur Dieu ou de nous croire punis à cause de nos péchés., le Seigneur nous invite à nous tourner vers lui.

Aujourd’hui, dans les lectures et, notamment, celle du livre de l’Exode, nous sommes invités à nous détourner de nos pensées pour accueillir celles de Dieu. Dans ce livre, Dieu, loin d’être un Dieu qui se venge ou veut le malheur des hommes, se présente comme Celui qui, au contraire, libére son peuple de l’esclavage d’Égypte ; Il n’est pas étranger à nos difficultés et à nos souffrances comme on pourrait le croire. Non, Il vient à notre secours et ne nous abandonne pas au mal, à la solitude et à la mort. Il est Celui qui, dans sa bonté et sa sagesse, se donne à connaître en révélant son nom à Moïse dans le buisson ardent.

Jésus, dans l’évangile, se trouve confronté à ces mêmes questions qui nous agitent chaque fois que le malheur surgit. Devant le massacre des Galiléens et l’effondrement de la tour de Siloé, il est mis devant la brutalité de la souffrance et de la mort. Jésus est là, dans la rue, et on lui demande de s’exprimer sur cette actualité dramatique qui l’affecte profondément. Il suffit de penser à d’autres passages de l’Évangile où nous le voyons même pleurer.

Jésus prend alors la parole pour déclarer que les victimes de malheurs ne sont pas plus pécheurs que les autres hommes. Il nous met en garde contre la tendance à penser que les malheurs sont une conséquence immédiate des péchés personnels. Il restaure ainsi l’image de Dieu qui ne désire pas la mort du pécheur, mais que celui-ci se convertisse et vive. Certes, Dieu n’apprécie pas le péché, mais il aime éperdument le pécheur et il met tout en œuvre pour sauver le pécheur, il suffit de penser à la parabole de l’enfant prodigue. En parlant comme il le fait,Jésus nous fait sortir de la sidération du mal et du malheur pour nous faire voir plus loin. Il nous invite à considérer les malheurs qui nous affectent comme l’occasion de réfléchir sérieusement à notre vie et comprendre que nous ne pouvons pas vivre sans Dieu et qu’il y a urgence de changer de vie avec son aide. 

À bien y réfléchir, cet appel à la conversion, ce mouvement qui consiste à se détourner de soi pour se tourner vers Dieu, Dieu lui-même l’a pratiqué avant nous ! N’est-il pas, par pur amour, Celui qui est constamment tourné vers nous depuis la création ? N’est-il pas tourné vers nous lorsqu’il part à notre recherche dans le livre de la Genèse ou lorsqu’il se détourne de sa colère chaque fois que nous l’invoquons. Et puis, l’Incarnation de Jésus, n’est-elle pas la grande conversion de Dieu qui se tourne vers nous en nous donnant son Fils afin qu’il nous ramène à lui ?   C’est à ce même mouvement de conversion que nous sommes appelés afin d’accueillir la vie de Dieu. La conversion est donc bien d’abord une question relationnelle avant même d’être une question morale ! 

Bien évidemment, la conversion morale est la conséquence de cette conversion relationnelle. Laissons donc Dieu être Dieu dans nos vies ; laissons-le agir en nous : c’est cela nous ouvrir à la grâce. Et c’est bien ce que veut nous faire comprendre la parabole du figuier stérile. Le Maître de la vigne, c’est-à-dire Dieu, attend de nous que nous portions du fruit. Voyant que nous n’en portons pas, il va user de sa patience et de sa miséricorde en creusant tout autour de l’arbre et en y mettant du fumier. Voilà l’action de Dieu à notre égard, voilà sa grâce pour que nous portions son fruit d’amour et de miséricorde et, pour cela, il ira même jusqu’à nous envoyer son propre Fils et son Esprit-Saint aujourd’hui…

Face à un tel amour, tournons nos cœurs vers Seigneur :

Seigneur, nous te rendons grâce d’être le jardinier de nos vies, un jardinier patient qui croit en nous et qui n’hésite pas à bêcher les terres arides de nos suffisances, de nos égoïsmes et de nos peurs ! Garde-nous, Seigneur, de la prétention de nous croire fort alors qu’à tout instant notre vie est exposée à la fragilité et à la mort. Sois le bon vigneron de nos vies, toi qui, tout en dénonçant notre péché nous en libère. Donne-nous d’accueillir tout ce qui nous arrive, y compris les malheurs, comme un appel urgent à porter des fruits de conversion : c’est cela, comme le dit le psaume, prendre la mesure de nos jours …

Donne-nous de ne jamais oublier qu’au dernier jour, le seul « pass », non pas sanitaire mais évangélique, qui nous sera demandé pour entrer dans ton Royaume, ce sera celui de notre participation à ta miséricorde. Une participation souvent maladroite mais sincère dans laquelle tu nous reconnaîtras comme « enfants » de ton Royaume, Amen.

Brive-Saint-Antoine,

Dimanche 20 mars 2022                                     fr Henri Namur, ofm

Homélie du 13 mars 2022 – 2e dimanche de carême C – Fr. Carlos

Homélie du 6 mars 2022 – 1er dimanche carême C – Fr David

Homélie du 27 février 2022 – 8e dimanche C – Fr Jean Damascène

Homélie du 20 février 2022 – 7e dimanche C – Fr. Henri

Entendre Jésus nous dire que, si nous voulons ressembler à notre Père des Cieux, cela passe par l’amour, cela ne nous pose pas de grands problèmes … Mais, que cet amour doive aller jusqu’à l’amour de nos ennemis, alors là, ça coince sérieusement ! Et pourtant…les textes bibliques de ce dimanche nous invitent instamment à quitter nos chemins pour emprunter ceux de Dieu. Nous sommes invités à aimer nos ennemis de façon concrète, c’est-à-dire en leur faisant du bien, en priant pour eux, en leur présentant l’autre joue, etc. … Il faut bien reconnaître que ce que Jésus nous demande est tout simplement au-dessus de nos seules forces ! Devant une telle exigence un premier constat s’impose : quand Jésus nous demande d’aimer, ça n’a rien à voir avec l’amour-sentiment mais bien plutôt avec sa croix… !

Si nous regardons la société dans laquelle nous vivons, force est de constater que beaucoup ne savent plus se parler ; ils sont nombreux ceux qui ne pensent qu’à saisir la justice pour la moindre parole de travers… ! Et puis, il y a aussi toutes ces menaces de guerre et ces haines qui traversent notre monde… Vraiment, comme le disait Saint François d’Assise, « l’amour n’est pas aimé » ! Or, c’est précisément dans ce contexte délétère que Jésus nous appelle de façon nette à refuser la vengeance et à faire miséricorde.

La première lecture est déjà un beau témoignage du pardon accordé à l’ennemi. Saül et David sont en guerre et alors même que Saül est à la merci de David, ce dernier se refuse à porter la main sur lui parce qu’il dort et qu’il est sans défense et, surtout, parce qu’il « a reçu l’onction du Seigneur ». En refusant la vengeance, David brise le cycle de la violence et contribue ainsi à la paix par la miséricorde exercée envers son ennemi.

Quant à l’Évangile, ce grand livre de la miséricorde de Dieu, il nous invite à être miséricordieux « comme le Père est miséricordieux ». Ce « comme » est important car il nous invite à l’imitation par amour. C’est la façon d’être du Père envers nous qui vient éveiller notre façon d’être habituelle envers les autres, envers nos ennemis. Pour comprendre cet appel à la miséricorde il est bon de commencer par lever les yeux vers la croix de Notre-Seigneur. Il est bon de nous rappeler qu’avant de mourir, Jésus a prié ainsi : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Ce qui veut dire que, quand Jésus nous demande d’« aimer nos ennemis », il nous demande en fait de reproduire dans nos vies ce que lui-même a d’abord vécu pour nous jusqu’au bout de sa croix.

Ces croix que nous portons autour du cou ou que nous plaçons sur nos murs, elles doivent être un rappel constant de l’urgence qu’il y a de les planter profondément dans notre cœur afin qu’elles inspirent toutes nos pensées et nos actions. Il faut bien reconnaître que nous ne sommes pas toujours des témoins crédibles de la miséricorde de Dieu. Parfois, nous nous comportons, nous aussi, en ennemis de Dieu et de la Croix de Jésus ?  Refuser d’aimer nos ennemis, c’est oublier que, alors que nous étions encore pécheurs, c’est-à-dire « ennemis » de Dieu, Dieu, lui, nous a aimés le premier ? Ce qui importe, c’est de nous rappeler que si aimer nos ennemis, est au-dessus de nos forces, cela ne l’est pas pour Dieu … ! Saint François d’Assise était conscient de nos difficultés à pardonner. C’est pourquoi, dans sa paraphrase du Notre-Père, il ajoute ceci à la demande de pardon : « ce que nous ne pardonnons pas pleinement, toi, Seigneur, fais que nous le pardonnions pleinement : que nous aimions vraiment nos ennemis à cause de toi, que nous arrivions à te prier sincèrement pour eux ; qu’à personne nous ne rendions le mal pour le mal, mais que nous tâchions de faire du bien à tous, en toi » ! 

Sur ce chemin du pardon de nos ennemis, St Paul nous aide bien quand il évoque le premier Adam pétri de terre, charnel et le second Adam qui, lui, vient du ciel, qui est spirituel. Cela veut dire que, face à « l’ennemi » que Jésus nous demande d’aimer, notre première réaction est souvent purement terrestre, c’est celle de la force et de la violence : « œil pour œil, dent pour dent… » Mais, Dieu merci, nous ne sommes pas que le premier Adam, nous appartenons aussi au second Adam. Nous sommes du Christ et il est bien évident que c’est en lui seul et par lui seul que nous pouvons être miséricordieux comme notre Père des Cieux. Ce n’est pas pour rien que Jésus, au moment de son arrestation, a demandé à Pierre de rengainer son épée car la seule arme de combat de Jésus c’est son amour. Un amour qui l’emporte sur la violence, une miséricorde qui se substitue à tous les jugements de condamnation.

Quand, par exemple, le Seigneur nous demande de tendre l’autre joue ce n’est pas du masochisme, ce qu’il nous invite à faire c’est, au plus près du texte grec, de tendre une joue « autre » afin de ne pas en rester à l’  « œil pour œil, dent pour dent » et de permettre que le dialogue avec mon ennemi se poursuive autrement, à un autre niveau… !

L’actualité de cette semaine nous donne un exemple lumineux de la possibilité, en Dieu et par Dieu, de pardonner à nos ennemis. Il suffit de penser à la sœur du Père Hamel qui, par-delà sa peine et dans la force de l’Esprit-Saint, a pris l’initiative d’un rendez-vous téléphonique avec la maman du jeune qui a assassiné son frère… Les deux femmes se sont rencontrées et elles ont pleuré toutes les deux dans les bras l’une de l’autre… Il suffit de penser aussi au témoignage de Guy Coponet, 92ans, égorgé lui aussi en même temps que le Père Hamel et qui, devant le Tribunal, a été un témoin pacifié et lumineux du pardon à ses bourreaux…  Ces deux personnalités toutes simples, par le pardon accordé, sont le signe de la victoire de Jésus sur la Croix.

Au cours de cette célébration Eucharistique, dans l’Esprit-Saint, rendons grâce à Dieu pour sa miséricorde et son amour. Quand nous nous avancerons dans la procession de communion, recevons le corps du Christ les mains grandes ouvertes afin de signifier notre désir profond d’aimer nos ennemis comme le Christ nous a aimés. Alors, le jour où nous paraîtrons devant le Maître de nos vies, il reconnaîtra en nous sa propre miséricorde et, tout joyeux, il dira à chacun : « Entre dans la joie de ton Maître ».

Brive, le 20 février 2022                                                Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 13 février 2022 – 6e dimanche C – Fr. David

Homélie du 6 février 2022 – 5e dimanche C – Fr. Jean Damascène

Homélie du 30 janvier 2022 – 4e dimanche C – Fr. Henri

Homélie du 30 janvier 2022 – 3e dimanche C – Fr. Henri

Comme elles font du bien, ces paroles de Dieu transmises par le prophète Jérémie :« Avant même de te former dans le ventre de ta mère, je t’ai connu ; avant que tu sois sorti de son sein, je t’avais consacré, faisant de toi le prophète des nations.” Tout est dit : nous sommes tout à la fois aimés et appelés à porter la parole de Dieu. Quels que soient les avatars qui ont pu présider à notre naissance ou à notre vie familiale, le Seigneur nous dit aujourd’hui par son prophète que nous ne sommes pas le fruit du hasard. Il nous affirme, avec des mots d’une tendresse inouïe, que nous sommes enveloppés par sa présence avant même notre naissance.

La mission du prophète Jérémie, comme celle de tout prophète, c’est de parler de la part du Seigneur, c’est de transmettre les paroles de Dieu, même si elles ne plaisent pas. Jérémie a dû parler au risque de sa vie. Il a dû affronter l’hostilité des siens. C’est cette même hostilité que connaît Jésus de la part de siens dans l’évangile d’aujourd’hui. Mais, quelles que soient les aléas de la parole prophétique, rien ni personne ne peut empêcher Dieu de vouloir entrer en relation avec nous pour nouer avec nous une relation d’alliance si respectueuse de notre liberté.

Il est bon de nous rappeler que, par notre baptême, nous avons reçu nous aussi cette mission prophétique. Nous avons reçu mission de dire au monde non pas ce qu’il veut entendre mais la Parole de Dieu, une parole exigeante et qui peut, effectivement, être refusée. Cela nous oblige à aller souvent à contre-courant de ce que disent les médias, les pensées majoritaires, les pensées uniques… Aujourd’hui comme autrefois, annoncer l’Évangile c’est s’exposer au mépris, à la persécution et parfois à la mort. Il ne faut pas oublier que le vingtième siècle est celui qui a connu le plus grand nombre de martyrs. Mais, encore une fois, rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de produire du fruit.

Pourquoi un tel refus de la parole prophétique ? Pourquoi un tel refus de Jésus par les gens de son propre village ? Jésus vient à peine de dire “Cette Parole que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit” qu’un vent de contestation se lève parmi les gens de Nazareth. La raison de ce refus, c’est qu’ils enferment Jésus dans ce qu’ils croient connaître de lui… De plus, ils ne sont pas contents parce qu’ils ont entendu parler de ses miracles à Capharnaüm et ils voudraient bien qu’il en fasse autant chez eux, dans son village. En fait, ils réagissent en propriétaires de Jésus… ! Mais Jésus ne peut se laisser enfermer dans cette attitude possessive car sa mission ne se limite pas à faire des miracles chez lui dans sa patrie. Il est aussi envoyé pour les autres. Et c’est pour leur faire comprendre cela que Jésus appelle à témoin deux événements de l’Ancien Testament. Le premier événement, c’est celui de la veuve de Sarepta, une étrangère, donc.  Elle avait vidé sa dernière réserve d’huile et de farine pour nourrir le prophète Élie. Suite à l’intervention du prophète la réserve d’huile et de farine n’a pas diminué. Elle et son fils ont eu à manger jusqu’à la fin de la famine. Le deuxième événement concerne Naaman le Syrien, un autre étranger qui, après s’être baigné sept fois dans le Jourdain, fut guéri de sa lèpre.

À travers ces deux récits de la veuve de Sarepta et de Naaman le Syrien, Jésus tente de faire comprendre aux gens de Nazareth que Dieu aime aussi les païens qu’il aime d’un amour de prédilection. Dieu aime sans frontière. Il aime les incroyants, les pécheurs, les ingrats. Ils sont nombreux à travers le monde et à Brive même celles et ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus et qui, pourtant, sont aimés de Dieu. C’est vers eux que nous sommes envoyés.

L’Évangile nous invite inlassablement à ouvrir notre cœur aux dimensions de celui de Dieu. Si nous voulons annoncer la bonne nouvelle au monde, il nous faut d’abord aimer ce monde comme Dieu l’aime.

Autour de nous nous voyons des gens qui étaient loin de la foi, se convertir et se mettre en route à la suite du Christ. Cela doit nous rendre obéissant à la volonté d’amour universel de notre Dieu. Plus que jamais, nous devons faire nôtre cette prière du psaume 94 : “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.”

Oui, cette parole d’amour que nous avons entendue de la part de Notre Seigneur, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit non seulement en Jésus mais aussi en nous et par nous.  Puisque nul n’est prophète en son pays, à notre tour laissons-nous envoyer au pays de l’autre qu’il soit proche, étranger ou étrange, c’est là que le Seigneur ressuscité nous précède ! S’il y a un enseignement à retenir de façon prioritaire aujourd’hui, c’est celui-ci : l’amour, tel qu’il nous est révélé par Jésus, ne supporte pas de frontières… Or, combien de murs de séparation sont élevés aujourd’hui entre les peuples et dans les cœurs… ! Seigneur, apprends-nous à aimer l’amour dont tu nous as aimés et à nous donner tout entier à cet amour comme tu t’es donné à nous alors que nous étions des étrangers…, Amen !        

Brive, Saint-Antoine, le 30 janvier 2022                      fr Henri Namur, ofm

Homélie du 23 janvier 2022 – 3e dimanche C – Fr. David

Homélie du 9 janvier 2022 – Baptême du Seigneur C – Fr. Henri

Dimanche dernier, nous étions à Bethléem en compagnie des mages. À travers eux Jésus était manifesté au monde païen et à tous les chercheurs de Dieu. Aujourd’hui, nous sommes trente ans plus tard pour fêter une autre Épiphanie, celle qui a eu lieu au cours du baptême de Jésus par Jean. Si le baptême de Jésus est aussi une épiphanie, c’est bien parce que, lors de ce baptême, Jésus est véritablement révélé, manifesté comme fils de Dieu, fils bien-aimé.

Face aux foules en attente qui se demandent s’il n’est pas, lui, Jean, le Messie, Jean fait preuve d’une humilité étonnante. Il se retire pour laisser Jésus passer devant : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

En nous faisant revivre le baptême de Jésus, l’Évangile nous confronte à une question majeure :  comment se fait-il que Celui qui n’a pas de péché à se faire pardonner ait besoin de recevoir un baptême de conversion ? Car le baptême de Jean était bien un baptême de repentir et de conversion… En fait, le baptême de Jésus était absolument nécessaire, non pas pour lui, bien-sûr, puisqu’il est sans péché, mais pour nous. En effet, dans son baptême, Jésus manifeste qu’il est venu pour combler toute distance entre Dieu et nous. C’est pourquoi il n’hésite pas un seul instant à se mêler à la foule des pécheurs que nous sommes pour recevoir, comme eux, le baptême de Jean. S’il y a une Bonne nouvelle pour nous dans ce baptême de Jésus c’est bien celle-ci : Jésus, certes, est entièrement du côté de Dieu, mais il est aussi et inséparablement, entièrement de notre côté, du côté de l’homme pécheur.

Au sens strict, Jésus, dans son baptême, a voulu être immergé, plongé, baptisé dans notre condition humaine. Il est entré dans l’eau du Jourdain pur de tout péché, il en est ressorti porteur de tout le péché du monde. Ce mal qui nous accable, il le prend sur lui pour nous en libérer. C’est la raison pour laquelle, lors de la célébration de la messe et juste avant la communion, le prêtre proclame « Voici l’Agneau de Dieu qui porte et enlève le péché du monde, qui tollis peccata mundi  ». Ceci est important car, avant d’enlever notre péché, le Seigneur le prend sur lui, ou comme le dit St Paul de façon lapidaire, « Jésus, lui qui est sans péché, s’est fait péché pour nous ». C’est la raison pour laquelle la voix du Père venant du ciel peut dire : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » La joie du Père c’est de trouver en son Fils le Nouvel Adam, l’Homme nouveau parfaitement accordé à sa volonté d’amour pour tous les hommes.

Nous qui sommes rassemblés dans cette église, nous qui sommes baptisés dans le Christ, soyons les témoins de cette plénitude de joie que Dieu trouve en son Fils et qui fait notre propre joie. Cette joie elle est pour tous. Dieu ne cesse d’agir au-delà des frontières visibles de son Église. Les « semences du Verbe de Dieu »sont présentes et agissantes dans le cœur de nos contemporains qui, bien que majoritairement non croyants, sont comme en attente d’un regard, d’un geste, d’une parole qui leur révèle qu’en Jésus, le Père a mis tout son Amour et qu’en lui il trouve toute sa joie… Soyons bien persuadés que l’Esprit de Dieu qui est descendu sur Jésus lors de son baptême est le même Esprit qui nous précède dans le cœur des non croyants, des mal croyants, des païens.

PRIÈRE :

Seigneur, en ce jour de ton baptême dans le Jourdain, nous accueillons dans l’action de grâce les paroles que St Paul adresse à Tite :     « Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance
héritiers de la vie éternelle 
».

Seigneur, toi dont le Père dit : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie.
 » Donne-nous de trouver notre joie dans notre baptême, notre plongée dans l’Esprit-Saint ; Donne-nous de trouver notre joie dans notre participation à ton Eucharistie dans laquelle nous communions à ton amour sans limite pour nous et pour tout homme, Amen.

Église St Antoine de Brive

Dimanche du Baptême du Seigneur,

9 janvier 2022                                                       fr Henri Namur, ofm

Homélie du 2 janvier 2022 – Epiphanie C – Fr. David

Homélie du 26 décembre 2021 – Sainte Famille C – Fr. Henri

Aujourd’hui nous passons directement de la fête de Noël à celle de la « Sainte Famille ». L’Évangile de St Luc nous apprend que cette famille, toute sainte qu’elle est, n’échappe pas au désarroi et aux questions qui habitent nos propres familles humaines, notamment lorsque, comme c’est le cas ici, un enfant fait une fugue. Car, c’est bien une fugue que fait Jésus même si c’est pour être dans le Temple, chez son père.

Cela fait douze ans que Marie, Joseph et Jésus se rendent à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Jésus, vient d’atteindre l’âge de la maturité religieuse. Une fois de plus, la famille se met en route pour Jérusalem.

En fait, c’est au retour, lorsqu’ils ont repris la route de Nazareth, que Marie et Joseph s’aperçoivent de l’absence de Jésus. Ils sont obligés de rebrousser chemin et de revenir à Jérusalem. Ce n’est qu’au bout de trois longues journées qu’ils finissent par le retrouver. On imagine sans peine leur angoisse… D’où la question directe, teintée de reproche de Marie à Jéus :

« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant ton père et moi. » Et le comble, si j’ose dire, c’est que Jésus ne s’excuse même pas. Au lieu de compatir à l’inquiétude de ses parents, comme on aurait pu s’y attendre, il leur répond de façon directe: « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être ».

Marie en est toute déconcertée. « Elle ne comprend pas. » Le texte de l’Évangile le dit très clairement. D’une certaine façon cette incompréhension nous rend plus proche de cette « sainte famille » car les interrogations de Marie et Joseph sont aussi les nôtres.

Ce qui est étonnant, c’est ce contraste qu’il y a entre,
d’un côté les docteurs de la Loi qui « s’extasient sur l’intelligence » de Jésus et de l’autre ses parents qui ne comprennent pas. Que signifie cette fugue de Jésus dont le but est de rester à Jérusalem avec celui qu’il appelle son Père ? Un père tout autre que Joseph même si, passée cette escapade, Jésus demeurera soumis à ses parents de la terre ?

L’expérience de la sainte famille nous rappelle que l’autre, fut-il notre propre enfant, nous échappera toujours, et d’autant plus que le Père des Cieux habite son coeur ! Quand le comportement de nos enfants nous échappe, souvent nous sommes légitiment tentés de les rappeler à l’ordre. Tel n’est pas le comportement de Marie , elle accueille ce qui la déroute.   « Elle garde tous ces événements en son cœur. » Elle accueille le mystère de Dieu vivant chez son enfant.

Comme Marie, nous sommes invités à accueillir le mystère de l’autre. Demeurons à l‘écoute les uns des autres. Gardons, nous aussi tout ce que nous ne comprenons pas en notre cœur, acceptons d’être bien souvent dépassés par la façon dont Dieu agit dans nos vies. Accueillir le mystère de l’autre au sein de nos familles et communautés religieuses c’est faire place à Dieu et permettre à chacun d’exprimer sa différence. Si nous pouvons être unis les uns aux autres c’est bien parce que nous sommes différents les uns des autres. C’est en ce sens que les enfants ne sont pas le pur reflet de leurs parents, ils ont leur propre personnalité, parfois déroutante, ainsi en est-il dans les familles religieuses…

Ce qui me paraît le plus important à retenir, c’est que nous aussi, comme Jésus, et sans pour autant renier les liens familiaux, nous sommes appelés à habiter chez Notre-Père des Cieux. Là est notre vraie maison. C’est Jésus qui dit à Nicodème que « à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » Ce qui est une façon de dire que nous sommes plus que notre naissance d’en-bas puisque nous avons, nous aussi, à naître d’en-haut, à être aux affaires de notre Père des Cieux.

De même que nos familles humaines ne sont pas « propriétaires » de leurs enfants, de même, nos familles religieuses ne sont pas propriétaires de leurs membres. Toutes ces familles humaines et spirituelles sont au service de notre croissance sous le regard de Dieu de telle sorte que nous puissions dire avec St Augustin : « Seigneur, tu nous a fait pour toi et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ! » Lorsque Sainte Anne, dans la magnifique première lecture du livre de Samuel, offre son fils au Seigneur, elle se révèle pleinement mère et servante d’une vie qui ne lui appartient pas…

En attendant ce jour où nous serons chez notre Père, ouvrons nos familles à l’Esprit-Saint afin que chacun grandisse dans le respect de sa personnalité et de sa dignité d’enfant de Dieu. Alors, nos familles humaines, nos communautés religieuses, deviendront le lieu de Dieu, elles  seront saintes de la sainteté de Celui qui les habite, elles seront, à leur tour, non pas « la sainte famille » qui est unique mais des familles saintes au sein desquelles l’amour de Dieu qui rend libre inspire, fonde et appelle à respirer Dieu à plein poumons…Amen,

Brive, le 26 décembre 2021 Fr Henri Namur,  ofm

Homélie du 25 décembre 2021 – Nativité C – Fr. Jean Damascène

Homélie du 24 décembre 2021 – Nativité C – Fr. David

Homélie du 19 décembre 2021 – 4e dimanche Avent C – Fr. Henri

Frères et Sœurs, le prophète Michée, dans la première lecture, nous dit déjà que « le jour où enfantera celle qui doit enfanter » Dieu se révélera comme étant « notre berger » et « notre paix ». C’est une bonne nouvelle pour les contemporains de Michée, c’est une bonne nouvelle pour nous dans la période troublée que nous vivons…

Cette manière qu’a Dieu de prendre soin de nous et de nous procurer la paix et la joie, nous la retrouvons dans ce passage de l’Évangile de Luc que nous venons de proclamer. Dans la rencontre de Marie et d’Élisabeth il y a comme un condensé de tout le mystère de notre foi, de tout le mystère de cette Bonne Nouvelle de l’humilité de Dieu qui, à Noël, se fait l’un de nous dans un enfant. Certes, liturgiquement parlant, nous ne sommes pas encore à Noël, nous sommes dans le temps de l’attente. Les enfants respectifs d’Élisabeth et de Marie, ne sont pas encore nés, mais ils sont déjà là dans le sein de leurs mères.

Ce qui nous est donc donné à contempler en ce quatrième dimanche de l’Avent, c’est le mystère de deux vies, non encore écloses au monde des hommes, de deux vies qui se tissent dans le secret du sein de Marie et de celui d’Élisabeth !

À l’annonce, par l’ange Gabriel, de la grossesse de sa cousine Élisabeth, déjà âgée et qui en est à son sixème mois, Marie se met aussitôt en route pour la rejoindre. Lorsque les deux femmes se retrouvent, à peine la salutation de Marie retentit-elle aux oreilles d’Élisabeth que l’enfant qu’elle porte en elle tressaille … ! Qu’un enfant bouge dans le sein de sa mère, rien que de très naturel. Mais l’enfant d’Élisabeth, c’est d’allégresse qu’il tressaille ! Il bondit littéralement de joie dans le ventre de sa mère.

Comme Marie lors de l’Annonciation, Élisabeth est à ce moment précis « remplie de l’Esprit Saint » et elle reconnaît en Marie « la mère de son Seigneur« . Alors, c’est d’une voix forte qu’elle adresse à Marie cette belle et joyeuse béatitude : « Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur« . Si Marie est qualifiée ainsi par sa cousine de bienheureuse, c’est bien parce qu’elle a cru aux paroles du Seigneur transmises par l’Ange Gabriel ». C’est bien en raison de sa foi que Marie est bienheureuse.

Quel bonheur profond pour nous-mêmes, que cette parole de bénédiction ! Cela nous rappelle que notre foi est le seul berceau dans lequel nous pouvons authentiquement accueillir le Seigneur. C’est en raison de notre foi, reçue et vécue en Église, qu’il y aura pour nous aussi un plein accomplissement des paroles qui nous ont été dites de la part du Seigneur le jour de notre baptême et au cours de notre vie ! Oui, heureux sommes-nous quand, dans l’obéissance filiale, nous ouvrons humblement nos pauvretés à la présence agissante de l’Esprit de Dieu en nous.

En fait, cet Évangile de la Visitation est comme le prototype de toute rencontre authentique. Rencontrer l’autre c’est se mettre en route, communier à son mystère, accueillir ce qu’il me révèle de mon propre mystère et nous réjouir de cette présence de l’un à l’autre…

St Luc, pour désigner cet élan qui pousse Marie à aller à la rencontre de sa cousine Élisabeth utilise le même verbe que celui qui est choisi pour désigner la résurrection de Jésus. Ainsi, Marie « qui se met en route », c’est Marie qui annonce déjà la résurrection et la vie nouvelle de Celui qui a fait des merveilles pour elle comme pour Élisabeth.

Oui, vraiment, comme Marie et Élisabeth, nous pouvons nous aussi exulter car notre pauvre corps mortel est le lieu de l’inhabitation de l’Esprit-Saint en nous : au cœur même de notre condition humaine l’Esprit nous enseigne et nous fait reconnaître en Jésus celui qui est présent parmi nous comme le Seigneur de toute vie jusqu’en ses plus humbles commencements et balbutiements. Dieu ne se contente pas de nous visiter, il se fait l’un de nous en prenant notre propre chair, en naissant à notre vie d’homme à la façon de tous les petits d’homme. Oui, quel mystère : Jésus nous est déjà présent…in utero ! C’est ainsi qu’il vient à nous pour nous pour nous dire tout l’amour qui est en lui !

Au terme de cette méditation sur la rencontre d’Élisabeth et de Marie, heureux sommes-nous de croire qu’il y aura pour nous-mêmes et pour tout homme, un plein accomplissement aux paroles de vie qui nous sont dites dans la célébration de cette Eucharistie et dans chacune de nos Eucharisties. Heureux sommes-nous de croire qu’il y aura un plein accomplissement à la vie qui jaillit de toute rencontre authentique, c’est-à-dire de toute rencontre vécue dans le dynamisme du saint Évangile et dans l’art de se faire proche fraternellement de tout homme à la façon de frère François d’Assise.

Comme Marie et Élisabeth, à nous maintenant d’enfanter la joie qui demeure, une joie qui n’a pas sa source dans nos émotions éphémères, mais en Dieu dès lors que nous faisons de chacune de nos rencontres une Visitation, Amen…

Saint-Antoine, Brive

Le 19.12.2021                                                                fr Henri Namur, ofm

Homélie du 12 décembre 2021 – 3e dimanche Avent C – Fr. David

Homélie du 5 décembre 2021 – 2e dimanche Avent C – Fr. Carlos

Homélie du 28 novembre 2021 – 1er dimanche Avent C – Fr. Carlos

Homélie du 21 novembre 2021 – Christ-Roi B – Fr. Jean Damascène

Homélie du 14 novembre 2021 – 33e dimanche B – Fr. David

Homélie du 7 novembre 2021 – 32e dimanche B – Fr. Henri





Jésus a l’art d’observer nos traditions et nos comportements. Installé en face du temple, il regarde les gens qui vont et viennent. Son regard est attiré par une pauvre veuve qui très certainement passe inaperçue aux yeux de beaucoup mais pas aux siens. Cette veuve, qui est pauvre, ne peut mettre qu’une petite piécette dans le trésor du Temple. Jésus est à ce point touché qu’il appelle ses disciples auprès de lui pour leur déclarer : « Amen, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres dans le trésor ». Il y a de quoi être perplexe puisqu’elle n’a presque rien mis et pourtant, la leçon est claire ! Si Jésus dit de cette veuve qui est pauvre qu’elle a mis dans le trésor du Temple plus que tous les autres qui sont plus riches qu’elle, c’est qu’en donnant le peu qu’elle avait elle s’est donnée elle-même sans réserve aucune. Elle a accompli le même mouvement que celui de Jésus qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous afin de nous enrichir de sa pauvreté et de son amour.
Ce qui est formidable c’est que cette femme, toute pauvre qu’elle est, a tout de même quelque chose à donner à Dieu. Ce quelque chose c’est son cœur et sa foi. Que ce soit le récit de la veuve de Sarepta et Élie dans la première lecture, ou celui de cette veuve de l’évangile, nous sommes là en présence de femmes qui ne gardent pas pour elles le peu qu’elles ont mais qui, en donnant ce peu, se donnent elles-mêmes. Comme la veuve de Sarepta qui a sacrifié sa dernière poignée de farine pour Élie, la pauvre veuve de l’évangile fait pour Dieu une folie : elle s’en remet à Dieu pour son pain quotidien ; Elle accepte de manquer, pour que Dieu, dans sa vie, soit le premier servi.
En agissant ainsi c’est en fait sa pauvreté qu’elle donne ou abandonne à Dieu; et c’est cela surtout qui a touché Jésus. Cette femme toute simple savait qu’elle n’avait pas à devenir riche pour pouvoir donner.
Cela nous renvoie à notre propre pauvreté. Sommes-nous vraiment pauvres devant Dieu ?  Reconnaître nos pauvretés, c’est le premier pas indispensable pour être sauvé ! Il y a tant de façon d’être pauvres. On peut être pauvre de santé ou de grâce physique, pauvres d’appuis ou d’amitié. Face à toutes ces pauvretés la veuve de l’Évangile nous montre que le vrai chemin c’est d’abandonner toutes ces pauvretés à Dieu.
Nous comprenons mieux pourquoi Jésus met en garde ses disciples contre les scribes. Leur problème c’est d’être pleins d’eux-mêmes. Ils ne sont pas pauvres. Ils recherchent la gloire des hommes sous couvert de religion. Et pourtant, aujourd’hui comme hier, ce ne sont pas les vêtements d’apparat, les salutations, les places d’honneur, les relations mondaines qui nous sauveront, mais bien cette pauvreté de nous-même reconnue humblement devant Dieu et qui devient le lieu que Dieu vient habiter. C’est là, me semble-t-il, une réflexion qui devra nécessairement nous inspirer, en tant que peuple de Dieu en chemin synodal, dans les moyens à prendre pour une Église plus sûre, plus humble, plus fraternelle…
Entrer dans cette humble reconnaissance de nos pauvretés c’est permettre au Seigneur de les habiter de sa richesse. Être pauvre de cette pauvreté évangélique, c’est faire de la place à Dieu dans nos vies. Cette pauvreté est le lieu de notre vérité sous le regard de Dieu. C’est une pauvreté tout à la fois spirituelle puisqu’elle vient de l’Esprit-Saint, et une pauvreté évangélique puisqu’elle nous est révélée dans l’Évangile. Cette pauvreté évangélique nous permet de consentir à toutes nos pauvretés en en faisant le lieu où humblement nous offrons ce que nous sommes à Celui qui se donne à nous gratuitement et entièrement. Comme le dit si bien St François dans une lettre qu’il adresse à tous les frères de l’Ordre: « Ne gardez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entiers Celui qui se donne à vous tout entier ».
Se désapproprier de soi pour se recevoir de Celui qui est la Vie éternelle, c’est cela être sauvé! Donner en se donnant, c’est cela mettre dans le Trésor du cœur de Dieu plus que tous les autres… Désormais, nous le savons, le lieu de Dieu, ce n’est plus le temple, mais l’homme. Voilà pourquoi Saint-François d’Assise, en épousant celle qu’il appelait « Dame Pauvreté » a pris le meilleur « parti » qui soit, il a choisi une compagne avec laquelle il pouvait creuser en lui cet espace où accueillir la croix du Seigneur et sa miséricorde, la croix du Seigneur et sa lumière, la croix du Seigneur et son amour pour toutes les créatures. Celui que l’on appelle « le petit pauvre » a été à ce point pauvre de lui et riche de Dieu qu’il fut conformé au Christ par l’imposition des stigmates sur le mont Alverne.
Que cette célébration Eucharistique contribue à creuser en nous cet espace de pauvreté où nous accueillons le don de Dieu en nous donnant sans réserve à nos frères et sœurs, Amen.
Brive, le 7 novembre 2021
Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 1er novembre 2021 – Toussaint B – Fr. Henri





Frères et sœurs, avec l’Apocalypse de Saint Jean nous sommes en présence d’une foule immense. On se croirait dans l’ambiance d’une finale au stade de France. La différence, ici, c’est que cette foule n’est pas rassemblée pour jouer au football… ! De plus, cette foule n’est pas anonyme, ce sont les serviteurs de Dieu, autrement dit, les saints. Et puis, comme les footballers ou les rugbymen, ils sont reconnaissables, non pas à la couleur de leur maillot, mais, plus exactement, à la couleur de leur vêtement blanc. Ils sont aussi reconnaissables en raison du sceau dont ils sont marqués et qui est la marque du Dieu vivant. Et puis, comme lorsqu’un but est marqué, ils proclament d’une voix forte que le Salut ne vient pas des hommes mais qu’il est donné par notre Dieu…  Le message est clair, Dieu seul sauve ! C’est ce que proclament les images des saints qui sont dans cette église. Tous ces gens, nous dit St Jean, « viennent de la grande épreuve…ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau… Dit autrement, tous ces gens, ce sont les saints de la vie de tous les jours, ces hommes et ces femmes qui ont fait de leur baptême un témoignage quotidien de conversion et d’amour. Cette foule est à ce point immense que St Jean nous dit que « nul ne pouvait la dénombrer ». Ce qui veut bien dire que les saints, les amis de Dieu, sont bien plus nombreux que ceux que l’Église déclare comme tels… !
 
Cette foule immense ne connaît pas de limites : tous nous sommes appelés à les rejoindre en devenant saints, bons et beaux comme Dieu : là est notre vocation ! Devenir saint peut nous paraître difficile, voire inaccessible. Saint Jean et Saint Matthieu viennent à notre secours en nous proposant deux façons de nous engager sur un chemin de sainteté.  La première façon, nous dit Saint Jean, c’est d’être pur.  Il affirme que lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est et il ajoute : « tout homme qui fonde sur le Christ une telle espérance se rend pur comme lui-même, Jésus, est pur »… De quelle pureté s’agit-il ? Le cœur pur, dans toute la tradition biblique, c’est celui qui n’est pas double !  Cette pureté, ici, n’est autre que celle qui transforme notre regard, nos intentions et notre agir. Pureté et sainteté sont intimement liés… En fait, est pur, celui qui consent à sa vocation à la sainteté. Emprunter les chemins de la sainteté, c’est donc croire, pour en vivre, qu’au cœur même des contradictions et des nuits de nos vies, nous sommes comblés de l’amour du Père qui nous appelle ses enfants.
 
l’autre façon de nous engager sur un chemin de sainteté, c’est de faire des Béatitudes notre nouvelle manière d’être. Saint Matthieu nous propose de commencer par contempler Jésus qui a prié toute la nuit et qui, au sortir de ce cœur à cœur avec son Père voit la foule assemblée auprès de lui. C’est alors que Jésus se met instruire tous ces gens. L’instruction donnée par Jésus ne relève pas du domaine de la connaissance intellectuelle. Jésus instruit en construisant. Jésus prend le temps de construire en chacun une nouvelle manière d’être, une nouvelle manière de naître à la vie des enfants du Royaume, une nouvelle manière d’être heureux selon Dieu. Imprégnons-nous de ces béatitudes laissons-les résonner dans ce temps que nous vivons :
 
 
1.    Bienheureux êtes-vous, vous qui mettez vos pas dans ceux de Jésus et empruntez le chemin qui fut le sien, lui qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre pour nous afin de nous enrichir de sa propre pauvreté.
2.    Bienheureux êtes-vous vous qui faites de l’humilité votre boussole pour retourner dans la maison du Père,
3.    Bienheureux êtes-vous, vous qui choisissez la vie en devenant des chercheurs de Dieu,
4.    Bienheureux êtes-vous vous qui, dans ce monde de violence prompt à condamner et peu enclin à pardonner, êtes habités par la douceur, la pureté, et la proximité fraternelle d’un François d’Assise,
5.    Bienheureux êtes-vous vous qui pleurez devant le constat du péché, le vôtre, celui du monde et celui de l’Église. Un péché, source de violences et qui blesse gravement la vie d’autrui, la vôtre et le cœur de Dieu…,
6.    Bienheureux êtes-vous, vous qui êtes des artisans de paix dans la situations complexes et dramatiques  que connaissent les migrants et les victimes du des épidémies et du terrorisme…
7.    Bienheureux êtes-vous, de contempler dans la croix de Jésus l’amour qui pardonne et relève et de recevoir de cette même croix votre propre vocation à la sainteté.
8.    Enfin, bienheureux êtes-vous de ne pas confondre sainteté et perfection ! Oui, heureux êtes-vous de  reconnaître votre pauvreté et de recevoir du Seigneur un cœur de chair en lieu et place de votre cœur de pierre permettant ainsi à l’amour de Dieu de grandir en vous.
 
On pourrait allonger la liste de ces béatitudes qui dynamisent notre espérance et notre chemin de sainteté. Certes, choisir l’Evangile du Christ, c’est inévitablement affronter l’épreuve, parfois même la persécution mais heureux sommes-nous car, au cœur de tout cela, brille déjà la joie et l’allégresse qu’il y a dans le cœur de Dieu et dans tous ces saints d’hier et d’aujourd’hui qui ont vécu et vivent en enfants de lumière.
 
Au  cours de cette Eucharistie rendons grâce pour cette belle communion des saints qui, en Jésus le seul Saint, unit le ciel et la terre… Comme dans une cordée de haute montagne, resserrons nos liens avec tous ces saints qui nous précèdent.  Ils sont déjà arrivés au sommet, nous, nous sommes encore en marche mais nous sommes membres d’une même cordée. Soyons donc solidaires les uns des autres dans cette ascension vers le sommet de la Sainte Trinité ; Laissons-nous conformer à la sainteté de celui qui seul est saint et toute bonté. Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse car, avec ceux d’en haut comme avec ceux d’en-bas, nous formons un seul peuple, celui des enfants du Royaume …, AMEN              
 
Saint Antoine, Brive la Gaillarde,
Dimanche 1er novembre 2021                                      Fr. Henri NAMUR, ofm

Homélie du 31 octobre 2021 – 31e dimanche B – Fr. David

Homélie du 24 octobre 2021 – 30e dimanche B – Fr. Jean Damascène

Homélie du 17 octobre 2021 – 29e dimanche B – Fr. Henri

Homélie du 10 octobre 2021 – 28 e dimanche B – don Louis-Marie

Homélie du 3 octobre 2021 – Fête de St François – Fr. David

Homélie du 26 septembre 2021 – 26e dimanche B – Fr. Henri

C’est dans un mois, le 17 octobre précisément, que sera lancée dans les diocèses du monde entier, la première phase du Synode, voulu par le Pape François, sur la synodalité dans l’Église. « Synode » en grec, cela veut dire « faire chemin ensemble ». La finale de la première lecture, celle du livre des Nombres et le début de l’Évangile de Marc, viennent à propos pour nous éclairer le sens profond de cette démarche synodale.

Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse,
prend la parole pour demander à Moïse d’arrêter les deux hommes qui prophétisent sans faire partie des soixante-dix anciens qui ont reçu l’Esprit.  Et la réponse de Moïse à Josué est sans équivoque :« Serais-tu jaloux pour moi ?Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » Traduit dans un langage qui nous est plus accessible : l’Esprit-Saint souffle où il veut… y compris en-dehors de nos églises…nous n’en sommes pas propriétaires !

Dans l’Évangile de ce jour c’est encore plus clair. À Jean qui vient faire part à Jésus de son indignation : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent », Jésus répond: « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Ce sont exactement les mots qu’utilise le Pape François pour expliquer la démarche synodale qui, dans son écoute des uns et des autres,invite aussi à écouter les questions de ceux qui semblent loin de l’Église. Je le cite: « Le Saint-Esprit dans sa liberté ne connaît pas de frontières, et ne se laisse même pas limiter par l’appartenance ».

La suite de l’Évangile de ce jour a de quoi nous déstabiliser encore plus ! Les paroles de Jésus sont dures et leur violence est choquante. Jésus ne fait pas dans la demi-mesure. Il nous demande de couper et de trancher tout ce qui en nous est empêchement à le suivre. Bien évidemment, il ne s’agit pas de nous mutiler. Ce qui nous est demandé, c’est de rompre d’une manière radicale avec les habitudes qui nous entraînent au péché. Jésus nous donne trois exemples : il nous parle d’abord de la main. La main, elle est faite pour recevoir les dons de Dieu et les partager. La main qui entraîne au péché, c’est celle qui accumule les richesses au détriment des plus pauvres. Cette soif de richesses qui peut entraîner la chute d’un petit. Le mot « petit, ici, est à entendre dans son sens biblique, à savoir les « anawim » les « pauvres de Dieu », ceux que les béatitudes appellent les « pauvres de cœur ».

Deuxième exemple, le pied. Le pied symbolise le mouvement. C’est l’indépendance et l’autonomie. On peut pécher avec le pied quand on court vers le mal et qu’on y entraîne les autres au lieu de l’utiliser pour marcher à la suite de Jésus. Pécher avec le pied, c’est ne compter que sur soi, se détourner de Dieu et s’engager sur des chemins où nous finissons par nous perdre.

Troisième exemple, l’œil. L’œil peut prendre diverses formes. L’œil mauvais, c’est celui qui ne voit que le mal chez les autres. L’œil, c’est aussi le regard méprisant et orgueilleux. Le péché de l’œil, c’est de ne voir que lui-même et ses intérêts personnels.

L’apôtre Saint Jacques va dans le même sens en déclarant que richesses entassées sont pourries parce qu’elles faussent les relations de fraternité et de justice. Il enfonce le clou en affirmant que ce qui fait la valeur d’une vie, c’est l’amour, cet amour sur lequel nous serons jugés. Pour nous, chrétiens, l’image de l’amour de Dieu c’est la croix. Cette croix qui nous dit un amour radical et appelle de nous une réponse d’amour tout aussi radicale. N’ayons donc pas peur de couper et trancher tout ce qui nous sépare d’un tel amour et, de même qu’un seul est mort pour tous, ouvrons-nous à tout homme en recherche de Dieu, aussi loin et étranger soit-il…

Soyons bien persuadés que si le Seigneur nous tient un langage aussi « tranchant », c’est qu’il nous aime d’un amour fou et que sa violence n’est autre que celle de l’Esprit de Dieu qui est là pour nous réveiller et rallumer en nous la flamme de l’amour et de la vie. C’est pourquoi, au cours de cette Eucharistie, disons et redisons avec le psalmiste: « Seigneur, tes préceptes sont droits, ils réjouissent notre cœur ».

Brive-St-Antoine, le 26.09.2021                Fr Henri Namur, ofm

Homélie du 19 septembre 2021 – 25e dimanche B – Fr. Jean Damascène

Homélie du 5 septembre 2021 – 23e dimanche B – Fr. Henri

Homélie du 29 août 2021 – Fr. David

Homélie du 8 août 2021 – 19e dimanche B – Fr. Carlos

Homélie du 1er août 2021 – 18e dimanche B – Fr. David

Homélie du 25 juillet 2021 – 17e dimanche B – Fr. Carlos

Homélie du 18 juillet 2021 – 16e dimanche B – Fr. Henri

Homélie du 11 juillet 2021 – 15e dimanche B – Fr. Carlos

Homélie du 4 juillet 2021 – 14e dimanche B – Fr. David

Homélie du 6 juin 2021 – Fête du saint Sacrement B – Fr. Carlos

Homélie du 23 mai 2021 – Dimanche de Pentecôte B – Fr. David

Homélie du 16 mai 2021 – 7e dimanche de Pâques B – Fr. Henri

S’il y a une affirmation qui ressort clairement des lectures de ce dimanche c’est celle-ci : Dieu veut la relation avec nous. C’est pour cela qu’il ne nous appelle plus serviteurs mais ses amis. Il va jusqu’à nous faire entrer dans l’intimité de sa relation à son Père. Ce qu’il demande pour nous à son Père au moment où il retourne vers lui, est émouvant. Il le prie instamment de nous garder unis dans son nom. En priant ainsi, ce que désire Jésus pour nous c’est que nous ne fassions qu’un seul cœur sous son Nom et que ce Nom soit source jaillissante de notre communion entre nous à la façon dont le Père et lui sont un. Jésus va plus loin encore. Il demande à son Père que nous ayons en nous sa joie et que nous en soyons comblés. L’unité dans la communion et la joie, voilà ce que demande Jésus pour nous à son Père avant de s’en aller auprès de lui.

C’est une belle façon, de la part de Jésus, de nous rappeler que nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes. Nous avons une « appartenance » qui est dite toute entière dans le nom que nous portons. Ce nom de « chrétiens », signifie bien que c’est à lui, le Christ, que nous appartenons et non pas au monde ! Certes nous sommes dans le monde mais sans lui appartenir, c’est au Christ que nous appartenons ! C’est pourquoi le monde, qui chez saint Jean représente tout ce qui s’oppose à Dieu, ce monde-là a de la haine contre nous. C’est cette même haine qui s’est retournée contre Jésus, contre ses disciples et cela continue de plus belle à notre époque et sous toutes les latitudes.

Aujourd’hui on entend souvent dire : « Notre monde est dur » ; et il est bien vrai que les problèmes auxquels nous devons faire face ne manquent pas : problèmes d’environnement, les mutations de nos sociétés, les crises économiques et pandémiques. C’est pourtant dans ce monde-là que le Christ nous veut comme témoins de son Évangile. C’est la raison pour laquelle Jésus ne prie pas son Père de nous retirer du monde mais de nous garder du Mauvais. Le terme grec utilisé par St Jean et qui est traduit ici par « mauvais-πονηρος », désigne ce qui est défectueux et, par extension, celui qui est la cause de notre mauvais état, à savoir le Mauvais, Satan.

Oui, Jésus nous veut « en bon état » ; plus encore, il nous veut sanctifiés dans la Vérité, c’est-à-dire dans la Parole de son Père. Pas d’autre moyen d’être sanctifiés dans la vérité que de garder la Parole de Dieu : là est notre responsabilité.   Pour y arriver, la seule façon, c’est de prier pour entretenir en nous cette relation que Jésus entretien avec son Père. La prière nous fait entrer dans cette attitude filiale et responsable que décrit si bien Saint Ignace lorsqu’il nous invite à prier comme si tout dépendait de Dieu et à agir comme si tout dépendait de nous

Oui, notre Père des Cieux nous garde et il nous sanctifie ; il nous             «consacre », c’est-à-dire qu’il nous « met à part » en nous faisant entrer dès maintenant dans sa vie, dans son projet, dans sa lumière. Mais cette « mise à part », cette « sanctification » c’est en vue de nous envoyer habités par sa sainteté à lui… 

Cette amitié de Dieu, cette vie du Père dans laquelle Jésus nous introduit, est finalement plus vraie et plus nécessaire que tous nos projets, toutes nos quêtes et toutes nos soifs. Plus nous faisons confiance au Père, et plus nous parvenons à faire de sa volonté notre nourriture : c’est bien ce que nous demandons chaque jour dans le Notre-Père en lui disant : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » et « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Il y a encore une chose que Jésus demande à son Père de nous donner, c’est la joie. Cette joie il la veut pour nous en abondance. Cette joie est le fruit de cet amour fidèle que lui-même a eu pour son Père et pour nous ; amour dans lequel nous sommes introduits par la prière et le don de nos vies. Cette joie, c’est la joie de savoir que l’amour trouvera toujours son chemin, c’est la joie du projet du Père de nous associer à sa vie…

Certes, le sentier par où nous est donnée cette joie est plutôt étroit mais il n’en reste pas moins qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir…

Oui, comme le dit St Jean dans sa première lettre : Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui : là est notre appartenance, notre vocation et notre joie. Osons donc faire de notre prière une contemplation amoureuse dans laquelle il n’y a pas besoin de beaucoup de mots. Soyons convaincus que notre vie est entourée d’un amour grand et fidèle dont rien ne pourra jamais nous séparer. Soyons les témoins crédibles de cet amour qui nous précède et nous attend. Travaillons à cet amour, donnons-lui notre vie pour un monde plus juste et fraternel, Amen.

Homélie du 9 mai 2021 – 6e dimanche de Pâques B – Fr. Jean Damascène

Homélie du 2 mai 2021 – 5e dimanche de Pâques B – Fr David

Homélie du 25 avril 2021 – 4e dimanche Pâques B – Fr. Jean Damascène

Homélie du 18 avril 2021 – 3e dimanche de Pâques B – Fr. Henri

Homélie du 11 avril 2021 – 2e dimanche de Pâque B – Fr. Carlos

Homélie du 4 avril 2021 – Dimanche de Pâques B – Fr. David

Homélie du jeudi saint – Fr. Henri

Chers frères et sœurs, en cette célébration du Jeudi-Saint, je vous propose une méditation centrée tout à la fois sur Jésus et sur Pierre. Ainsi, nous pourrons méditer simultanément sur qui est Dieu dans le dévoilement qu’Il nous fait de lui-même lors du lavement des pieds et aussi qui nous sommes tant dans nos pauvretés que dans la richesse de notre vocation de disciples du Christ… ?

Saint Jean met sous nos yeux le spectacle étonnant de Jésus qui lave les pieds de ses disciples. Ce geste de Jésus est inconcevable tant il heurte notre sens immédiat de la puissance de Dieu ! Et pourtant, à l’occasion de son dernier repas, c’est bien le geste que Jésus nous laisse. Geste qui est un véritable testament, un authentique nouveau testament ! A l’époque de Jésus, laver les pieds des hôtes est un geste d’hospitalité. Ce geste est toujours accompli par un serviteur. Probablement certains d’entre vous ont déjà fait des séjours dans des monastères. Vous aurez alors fait l’expérience du lavement de vos mains par le Père Abbé juste à l’entrée du réfectoire des moines. Or, ce soir, il ne s’agit pas des mains mais des pieds ! Le mouvement d’abaissement de Jésus est un abaissement total… Jésus partage ainsi la position d’infériorité du domestique. Le très-haut se fait le très-bas. Lui, le maître, il s’agenouille à nos pieds pour les laver et les essuyer.

Qu’est-ce que Jésus peut bien vouloir nous dire par un tel geste si émouvant  et si étranger à nos manières d’être habituelles?  En fait, ce que Jésus veut nous faire comprendre c’est qu’en sa Personne c’est le Père lui-même qui vient servir nos vies! Que ce soit au moment de la Création, que soit au moment de l’Incarnation ou que ce soit lors de son abaissement aux pieds de ses disciples au cours de son dernier repas,  c’est le même mouvement d’abaissement qui est accompli. Rappelons-nous les mots de St Paul en Philippiens 2: « lui, de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur».

Ainsi, aujourd’hui, c’est un seul et même amour qui nous est révélé tant dans l’institution de l’Eucharistie que dans le lavement des pieds. Contempler un tel amour c’est, inséparablement, faire de nos vies une authentique eucharistie c’est-à-dire un service de la charité de Dieu pour nos frères et soeurs. » Et c’est bien effectivement ce à quoi nous appelle Jésus lorsqu’il nous dit: « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous ».

Ainsi, ces deux mémoires inséparables que sont la Sainte Cène et le lavement des pieds sont l’unique socle sur lequel notre assemblée est fondée. Le lavement des pieds nous ouvre au mystère de l’eucharistie et l’eucharistie fortifie en nous l’amour fraternel. A n’en pas douter, c’est bien cette double mémoire qui inspire le Pape François lorsqu’il nous exhorte à « aller aux périphéries » et à « ne pas avoir peur de toucher la chair souffrante du Christ chez les hommes nos frères… » Mais vous comprenez bien que cette manière de « laver les pieds » de nos contemporains ne peut se réaliser sans une communion profonde au pain eucharistique, à l’incorporation du pain de vie qui est notre seule force.

Ainsi est Dieu, chers frères et sœurs, qui nous rejoint au plus loin que nous soyons afin qu’en Lui nous puissions retrouver le chemin qui mène au Père. …Pas étonnant que François d’Assise, touché par un tel abaissement, ait donné à ses frères le nom de « frères mineurs », afin qu’ils reproduisent dans leur cœur et dans leur vie ce même mystère d’abaissement amoureux qui permet à tout homme rencontré de grandir dans l’amour de Dieu… En bons disciples du Seigneur nous sommes faits pour faire advenir en toute personne rencontrée cet amour de Dieu dans lequel cette personne a été créée, amour bien souvent ignoré par l’intéressé lui-même… !

Venons-en maintenant à la réaction de Pierre au moment où Jésus se présente devant lui pour lui laver les pieds et à ce que cela nous dit de nous-mêmes. La réaction de Pierre est plutôt vive, toute à l’image du caractère de l’homme : « tu ne me laveras pas les pieds : non   jamais! » Ce qu’il y a de bien avec Pierre c’est qu’on n’est jamais dans l’ambiguïté ou la demi mesure… Pierre résiste, comme après la première annonce de la Passion. Et sa résistance dit nos propres résistances à l’action de Dieu en nous.

Refuser de nous laisser laver les pieds, c’est refuser de nous laisser toucher par le Christ, c’est refuser de nous laisser aimer par lui. Refuser l’hospitalité qu’Il nous offre, cela aussi c’est refuser de nous laisser laver les pieds. Refuser le don de nous-mêmes aux autres à l’instar de Jésus, c’est encore nous détourner de Jésus qui veut nous laver les pieds…

Vous voyez combien il est difficile de nous laisser faire par le Maître de nos vies, combien il nous est difficile d’accepter que Dieu soit Dieu de cette façon, d’accepter d’être associés à une telle manière d’être de Dieu …!

Devant ces résistances si bien ancrées dans la vie de Pierre et dans les nôtres, il importe au plus haut point de bien entendre la réaction de Jésus: « si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi ».Nous voilà donc prévenus !  Impossible de communier au Corps et au Sang du Christ si l’on n’accepte pas l’hospitalité qu’il nous offre en tant que Christ serviteur : le lavement des pieds et la sainte Cène sont inséparables… Pour être du Christ, pour avoir part avec lui il faut être « comme » lui…

Heureux sommes-nous, chers frères et sœurs, si nous gardons vive en nos cœurs la mémoire du Seigneur dans son Eucharistie et dans le lavement des pieds. Heureux sommes-nous si nous consentons au sens ultime de notre vie qui consiste à nous ouvrir à la miséricorde de Dieu et, en retour, au don de nos vies par amour de son amour. Heureux sommes-nous si notre méditation nous ouvre à cette humble prière que je vous invite à garder précieusement dans vos coeurs: « Seigneur, lave-moi non seulement les pieds mais aussi les mains et la tête afin que je puisse, avec mes frères et sœurs,  prendre ma part du soin que tu prends de tout homme en donnant ma vie par amour de Toi, Amen ».

Brive, le Jeudi-Saint – 1° avril 2021                             fr Henri Namur, ofm

Homélie du 21 mars 2021 – 5e dimanche carême B – Fr. David

Homélie du 14 mars 2021 – 4e dimanche carême B – Fr . Henri


Frères et Sœurs,  retenons dans notre coeur deux certitudes qui émergent des trois lectures de ce jour. Deux certitudes de foi qui ont de quoi nous faire du bien et nourrir notre espérance:
 
Première certitude : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Dans ces quelques mots St Jean nous dit toute la bienveillance de Dieu envers nous depuis les origines et ce, malgré notre péché. Ces paroles, c’est à Nicodème que Jésus les adresse. Et afin que ce dernier comprenne bien comment va se réaliser la phase ultime de ce « sauvetage », c’est-à-dire de notre salut, Jésus ajoute en parlant de lui-même, et c’est la deuxième certitude de foi: « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. »
 
En fait, c’est notre espérance toute entière qui est dite dans ces deux phrases, dont l’une dit l’intention bonne de Dieu envers nous depuis toute éternité, à savoir sauver le monde, et l’autre qui en exprime la réalisation dans la croix de Jésus.
 
Mais, comment traduire aujourd’hui le mot « salut », c’est-à-dire le fait d’être sauvé ?  Sauvé de quoi ? Une façon « autre » de parler du « salut » ce pourrait être de dire que nous sommes aimés depuis toute éternité et pardonnés à chaque fois que, avec Notre Seigneur Jésus-Christ, nous avons l’humilité de retourner vers Dieu…de revenir vers Celui d’où nous provenons et vers qui nous allons …
 
Pour être plus précis, revenons sur la référence que fait Jésus au serpent de bronze élevé sur une croix. Jésus évoque là le récit que l’on trouve dans le livre des Nombres au chapitre 21. Le peuple hébreu, libéré de la servitude de Pharaon, fait la traversée du désert. Au cours de cette traversée beaucoup meurent de la morsure des serpents qui leur est infligée en raison de leur rébellion contre Dieu. Aussitôt ils se tournent vers Moïse afin qu’il intercède auprès de Dieu. Moise, alors, ordonne que l’on place un serpent sur une croix afin que quiconque aura été mordu puisse lever les yeux vers cette croix et conserver la vie.
 
Dans l’Évangile Jésus donne à cet événement sa pleine signification. Sur la croix ce n’est plus un serpent mais c’est Jésus, qui s’est fait péché pour nous, qui est crucifié. Lever les yeux vers celui que nous avons crucifié c’est obtenir de lui le pardon et la vie. Malgré les apparences contraires, la mort n’a plus le dernier mot. Certes elle continue à accomplir son œuvre mais elle ne triomphe plus. La mort devient passage vers la Vie car rien ne peut empêcher le Père des Cieux de réaliser son projet d’amour sur nous. Jésus a voulu épouser notre condition mortelle, et donc notre mort, afin d’y semer la semence de la Vie éternelle. Par sa mort sur sa croix, Notre Seigneur a ouvert une brèche par laquelle il nous invite à le suivre : c’est en cela que nous sommes « sauvés » et là est la source profonde de notre joie. Il suffit de réentendre l’exultation de St Paul qui, avec des mots puissants, écrit aux chrétiens d’Éphèse et à nous aujourd’hui: « Frères, Dieu est riche en miséricorde; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ. Avec lui il nous a ressuscités; avec lui il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus ».
 
Profitons donc de ce temps du Carême qui est un temps favorable pour resserrer nos liens avec le Christ. Commençons par prendre conscience de ce qui nous sépare du Seigneur, à savoir notre péché, un péché que nous sommes invités à abandonner humblement sur sa croix. En agissant ainsi nous ferons comme les hébreux au désert ou comme le peuple d’Israël lorsqu’il était en exil à Babylone et nous ferons l’expérience que Dieu ne nous abandonne pas. Revenons donc de tout notre cœur à notre Dieu qui, malgré nos infidélités reste fidèle à son Alliance, lui qui ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il vive !
 
Encore une fois, accrochons-nous fermement à cette certitude que « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Oui, Dieu aime les hommes de ce temps tels qu’ils sont et il nous invite à regarder le monde avec lui et comme lui. Vainqueur de la mort et du péché, le Christ nous précède et nous attend dans son Royaume : C’est cela être sauvé ! C’est gratuit. Il suffit simplement de revenir au Seigneur notre Dieu et de lever nos yeux vers sa croix glorieuse. Laissons de côté notre orgueil et nos idoles. Soyons bien persuadés que tout ce qui vient à sa lumière, même le pire, devient lumière… ! Laissons le Seigneur marcher à nos côtés, c’est dans ce compagnonnage que nous expérimenterons toute la joie qu’il y a à lui faire confiance, lui qui est le seul à vraiment croire en nous… Oui, Dieu est amour et miséricorde : c’est cela être sauvé. Pas étonnant, dès lors, que l’Église nous appelle à la joie qui caractérise ce quatrième dimanche de Carême appelé « dimanche de laetare », mot latin pour dire « réjouissez-vous! »
 
Brive le 14 mars 2021
 
Fr Henri Namur, ofm

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