Le récit des disciples d’Emmaüs représente certainement l’itinéraire idéal de tout homme appelé à la connaissance de Dieu à travers un processus fait ensemble et jamais à titre personnel.
Luc parle de manière générique de deux d’entre les disciples. Ils ne font pas partie des douze apôtres, cependant nous savons qu’ils reconnaissent Jésus au moment de rompre le pain. Mais nous savons aussi que seuls les apôtres avaient vu Jésus faire ce geste lors du dernier repas alors pourquoi ces deux simples disciples l’ont-ils reconnu en rompant le pain?
Le texte indique que parmi les disciples, deux d’entre eux, étaient en route vers un village appelé Emmaüs, à environ onze kilomètres de Jérusalem, et ils parlaient de tout ce qui s’était passé. Jésus marche avec eux. Il semble même intéressé par le fait d’accompagner les deux hommes vers Jérusalem où les Onze les attendent. Le retour dans la ville semble avoir pour but de rencontrer la communauté et cela n’est possible qu’après avoir participé au geste du partage du pain, geste qui renvoie clairement à l’Eucharistie. « À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons », et commencèrent à raconter ce qui s’était passé en cours de route et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux, à la fraction du pain.
Or, par une proximité bienveillante à l’égard de chacun de nous, une proximité souvent non comprise ou non reconnue, le Seigneur nous amène patiemment au cœur de la nouvelle Jérusalem, ou dans le mystère de la communion avec sa vie divine, Il le fait en concluant une Nouvelle Alliance, nouvelle et définitive qui exprime l’union avec Lui par le don total de sa personne dans l’Eucharistie.
Ce n’est qu’après avoir accompagné cet étranger sur nos chemins, dans cette profonde communion qu’Il nous fait découvrir le mystère de la communauté ecclésiale, sa famille, où Il est toujours présent et reconnaissable. L’événement Emmaüs nous rappelle deux choses, d’abord que c’est l’Eucharistie qui fait l’Église et non l’inverse. Et enfin que chaque fois que l’homme essaie de comprendre le mystère de l’Église d’une manière différente de celle que Jésus l’a enseignée aux disciples d’Emmaüs, il s’expose au grand risque de l’échec et de l’incompréhension.
Demandons au Seigneur la grâce de laisser l’Eucharistie ouvrir nos yeux, de nous faire reconnaître la présence de Jésus afin de vivre la conséquence naturelle de cette rencontre : la participation à la vie de la communauté participation qui garantit cette présence dans le pain partagé.
Fr Carlos, ofm.
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