Sanctuaire des Grottes de Saint Antoine

Frère DAVID VERN


« Briviste un jour, Briviste pour toujours » !

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Ce dicton corrézien, je pourrai le prendre désormais pour devise quotidienne ! Voilà trente ans que j’ai quitté Brive et après un tour de France qui m’a conduit de Bordeaux à Paris, puis Toulouse, Besançon, Lyon, puis de nouveau Toulouse et Paris, me voici revenu aux sources…Mais quelles sources, puisqu’il s’agit de celles du sanctuaire de Saint Antoine et de ses célèbres grottes qui firent tant la joie de ce saint si attachant, lorsqu’il y vint et vécut durant l’été 1226.

Et que d’eaux ont coulé sous les ponts de Brive depuis ces trente dernières années.  Mes études sur Bordeaux, ma vie parisienne comme salarié, des champagnes Taittinger  au musée du Louvre, en passant par l’annexe de l’Ambassade des Etats-Unis en France, et pour finir la gestion d’un café philo dans le quartier des Gobelins…

Qui aurait dit ou pensé qu’un jour, je serai franciscain, et de surcroit le Gardien de ce lieu ! Les projets du Seigneur sont vraiment déroutants, mais Ô combien vivifiants, à l’image de la clarté de cette eau de source, ici à St Antoine….

Revenant régulièrement visiter ma mère et ma famille dans le Lot, je me suis arrêté un jour en ces grottes pour prier, comme j’aimais le faire si souvent, avant de reprendre le train pour Paris, la gare étant à proximité du sanctuaire. Et puis, contre toute attente, une immense clarté se fit en mon cœur. Suivre le Christ «  à la manière de St François et de St Antoine ». C’est ce que j’ai perçu au plus profond de mon corps, de mon cœur, de mon âme. Je repartis de ce lieu tout chamboulé, et pris le train tout retourné, me demandant ce que pouvait bien signifier cette ‘visitation’ ! Était-ce vraiment réel ? Le Seigneur m’appelait-il réellement à  le suivre comme religieux ?

Après de multiples engagements professionnels et un temps de recherche vocationnelle, me voici à entreprendre cette fameuse « suite du Christ », dans le lâcher prise consenti, demandant aux frères franciscains du couvent Saint François de Paris de m’aider dans mon discernement. Puis un séjour à Assise a fini de sceller ce que je brulais de réaliser et d’accomplir. Et sans attendre, comme disait St François dans son testament,  je ‘quittais le monde’…

Après un Postulat sur Toulouse, j’ai eu la joie d’effectuer mon noviciat à la chapelle des Buis, à Besançon. Ce cadre magnifique me permit de poser ce désir, de le remettre dans les mains de mes frères formateurs et d’expérimenter cette première liberté. Après ma première profession, je fus nommé sur Lyon, où j’ai pu expérimenter, avant de commencer mes études, ce que signifie sincèrement donner sa vie pour les plus pauvres. J’ai consenti à rejoindre un accueil d’urgence pour les gens de la rue, à Notre Dame des sans-abris, dans le centre de Lyon.

Puis il fut temps d’entreprendre mes études philosophiques et théologiques. Je rejoignis avec joie Toulouse et sans attendre, je pris la route d’un premier cycle en philosophie au séminaire, puis un baccalauréat en théologie, à l’Institut Catholique de Toulouse (mon mémoire fut centré sur la figure et la théologie de Saint Augustin)

Après ma profession solennelle en 2008, dans la ville rose, je fus ordonné diacre en 2009,  en la Basilique Saint Sernin, par Mg Le Gall, Archevêque de Toulouse, puis je partis rejoindre le couvent de Paris, où à ma grande surprise, je fus nommé aumônier de la maison d’arrêt de la santé, célèbre mais ô combien sinistre prison.

Cette étape parisienne de six ans compta beaucoup pour moi. Non seulement parce que je fus ordonné prêtre dans notre couvent de la rue Marie Rose en 2010, par Mgr De Dinechin, mais parce que j’ai appris, au plus près, la dure réalité du monde carcéral, durant plus de quatre ans, avec le frère Henri, présent désormais sur Brive.  Comment ne pas être ébranlé par l’infini de Dieu et l’infini de l’homme, dans ses excès les plus primaires, mais aussi dans ses retournements vers le Seigneur. Mais le Christ  a veillé minutieusement sur mon équilibre personnel. J’ai eu la joie parallèlement à l’univers pénitentiaire, d’être pendant 6 ans, aumônier des SUF de Notre Dame de France, et de faire une formation de guide en Terre Sainte, où je me suis rendu à plusieurs reprises (Israël, Palestine et Jordanie) J’ai également reçu de ma province la charge de Vicaire du couvent et celle de chapelain.

Désormais sur Brive comme gardien, ce retour aux sources me comble sincèrement de joie : tant par l’accueil de tous, que par ce lieu absolument magnifique, qui élève mon âme au plus haut de nos propres falaises situées sur le domaine.

Il m’a été confié par le diocèse de Tulle, entre autre, une présence sur les Lycées Bossuet et Bahuet. Et bien d’autres missions, locales ou provinciales qui seraient trop longs à énumérer.

Bref, à ce stade de ma vie, me voilà un frère comblé et tout simplement heureux.

Fr David, ofm.